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DU COWE DE SAINT JEAN. 183 et ne l'abandonnèrent à Soliman qu'après la défense la plus hé- roïque; investis dans l'île de Malte, leur nouveau séjour, par les meilleures troupes de ce même Soliman, ils soutinrent avec une poignée d'hommes un siège de trois mois et forcèrent l'ennemi vaincu à se rembarquer. Il n'entre point dans notre cadre d'énu- mérer les bienfaits dont la chrétienté fut redevable à l'ordre da Malte, nous nous contenterons de signaler l'accroissement qu'il procura au culte de saint Jean. D'abord, l'établissement formé par lui dans la ville d'Acre, en Syrie, y excita une si vive dévo- tion envers le Précurseur, que cette ville joignit à son nom celui de Saint-Jean. Puis, lorsque les biens de l'ordre furent partagés en prieurés, bailliages et commanderies, toutes ou presque tou- tes les églises dépendantes de ces établissements furent placées sous l'invocation du saint patron des chevaliers. A l'époque où le siège de l'ordre était encore à Rhodes, le sul- tan Bajazet, pour gagner l'amitié du grand-maître d'Aubusson, lui avait fait présent de la main de saint Jean, précieuse relique autrefois conservée dans une église d'Antioche, puis déposée à Constantinople où les Turcs l'avaient respectée. Le grand-maî- tre fit placer cette main dans un tabernacle d'or massif, enrichi de perles et de pierres précieuses ; et lorsque plus tard elle eut été transportée à Malte, l'ordre obtint, sous le magistère d'Adrien de Vignacourt, au XVII e siècle, la permission de célébrer la fête commémorative de la Translation. La sainte relique, placée dans l'église de Saint-Jean, y resta jusqu'en 1798. Les Français l'enlevèrent, ainsi que tous les objets précieux qui se trouvaient dans les monuments publics de la Valette; mais, après la capi- tulation, ils la rendirent au grand-maître Hompesels, qui l'em- porta en Italie. Elle fut ensuite envoyée à Saint-Pétersbourg, lorsque Paul I er se fut proclamé grand-maître de l'ordre. Telle est, en quelques mots, l'histoire de cette main de saint Jean qui, longtemps révérée sous le ciel de l'Asie-Mineure, devint une e s - pèce de talisman par la vertu duquel des hommes de toutes na- tions, réunis sous le même drapeau, accomplirent de glorieuses actions et conquirent une place immortelle dans les fastes du catholicisme. Pour honorer son glorieux patron, l'ordre faisait