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DE LA VALLÉE DE LA SAÔNE. 165 redoutables animaux, les cavernes leur offrirent des asiles naturels dont on recherchait avidement les rudes avantages. Il n'est peut-être pas de grotte convenablement abritée des vents froids, a proximité d'une source ou d'un cours d'eau et suffisamment sèche et bien aérée qui n'ait été habitée. Les débris humains qu'on y retrouve ont de tout temps frappé l'esprit des paysans, qui, incapables de restituer à ces re- traites, par l'imagination ou par la science, leurs vrais et primitifs habitants, les ont peuplées d'êtres fantastiques ou légendaires. Dans le Bugey, par exemple, on attribue géné- ralement les débris de poteries, d'ossements et de silex qui abondent dans, certaines grottes a un personnage mysté- rieux, désigné sous le nom de proscrit du Bugey, être légen- daire éternellement fugitif, errant de grotte en grotte, que personne n'a vu et qu'on ne connaît que par les débris de ses repas et de ses grossiers ustensiles. Une seule grotte située dans la vallée de la Saône a été fructueusement explorée par M. de Ferry (1). C'est la grotte de Vergisson, creusée dans le flanc d'une étroite vallée au milieu d'un massif de i'oolithe inférieure, bien exposée au midi, à trente ou quarante mètres au-dessus d'un ruisseau et d'une source abondante. L'emplacement des foyers, les débris de cuisine, les fragments caractéristiques de silex, les marteaux en arkose, l'ensemble et l'association des osse- ments brûlés et fragmentés, ne laissent aucun doute sur le séjour de l'homme dans cette étroite galerie souterraine, aux premières époques de la pierre, au temps où vivaient l'éléphant, l'aurochs , le grand ours, l'hyène et le lion des cavernes. Si nous voulons rendre visite a une tribu de l'âge suivant, {1) M. de Ferry vient de publier une note sur les premières périodes de l'âge de pierre intitulée : L'ancienneté de l'homme dans le Maçonnais. Il prépare une nouvelle étude sur les stations de la pierre polie.