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ONE PROMENADE A. MARLIOZ. 155 Je ne parlerai pas de l'intérieur; il appartiendrait aux convives, qui ont pris part au banquet, de nous retracer le panorama qui se déroule de ces hauteurs. Placé sur le point culminant du parc, il offre au spectateur une vue ra- vissante. L'œil va se perdre dans la vallée, remonte les pentes douces de Tresserve. Derrière ce coteau, qui défend au lac. de se montrer, se dresse comme un géant formida- ble le mont si connu de la Dent du Chat. Ses flancs âpres et dénudés contrastent avec la fraîcheur de la vallée. Des échappées sur les montagnes de Culoz et de la Grande- Chartreuse complètent ce tableau. Le soleil, prodigue ici de sa lumière et de sa chaleur, avait disparu derrière les cimes escarpées de la montagne. Aussitôt le parc s'illumine comme par enchantement. Les lanternes vénitiennes , répandues à profusion , disposées avec art, se cachent sous le feuillage. De temps en temps les feux de bengale viennent causer d'agréables surprises. A la faveur de ces lumières fantastiques, la scène se pré- sente dans des proportions grandioses, Des perspectives sans limite se découvrent dans le mystère de la nuit. On voit la société parcourir les allées du parc ; tout se passe sans bruit, sans désordre , sans confusion ; on dirait une fête de famille. Nous avons vu souvent les grandes illumi- nations de Paris ; bien loin de contester leur mérite, nous sommes tout disposé à lui reconnaître ce caractère gran- diose et imposant qu'on ne saurait trouver hors de la ca- pitale. Sans affecter des prétentions ridicules, la fête cham- pêtre de Marlioz a su produire une satisfaction générale. Ces nombreux émigrés étaient heureux de trouver, sous ces frais ombrages , le silence et le repos qu'on ne trouve jamais dans les fêtes officielles les plus splendides. C'est le seul jour où tous les étrangers ont pu se voir. Il serait à désirer que ces occasions fussent plus fréquentes. Le seul moyen de les faire naître est de créer un jardin public au centre de la ville. La municipalité d'Aix a voulu répondre à ce désir tant de fois manifesté; le terrain est acheté; resta %