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MOSAÃQUES 139 flèche du carquois, l'autre tenant un arc, une jambe presque entière, les deux pieds faisant corps avec la base, révèlent une Å“uvre des plus belles. On y observe cette particularité que le baudrier qui soutient le carquois a'été peint ou doré (1). Il y a eu là certainement à l'époque romaine, à une époque qui n'est probablement pa° postérieure au III e siè- cle, l'habitation d'un homme riche et considérable. Sans une témérité aussi grande qu'il le semble, on peut se le figurer noble et magnifique dans ses goûts, aimant le luxe, aimant aussi les lettres et les a r t s , un de ceux sans doute qui faisaient à Vienne la réputation d'une ville intellec- tuelle, avide de nouveautés littéraires, où Horace était lu et su par cÅ“ur, où jeunes et vieux, au dire de Martial, la jeune fille à marier aussi bien que le grave et rigide per- sonnage, se délectaient de ses épigrammes.Qu'eût fait chez lui d'une statue du dieu Musagète un trivial et vulgaire Trimalcion ? Encore en ce même endroit, l'on vient de trouver, en creusant les fondations d'un atelier de forge, une portion d'une nouvelle mosaïque fort grande si elle avait toute l'étendue que je crois pouvoir lui supposer. Cette por- tion, qui est peut-être tout ce qui en reste, consiste en une bande de deux mètres de large sur quatorze de longeur, divisée en trois compartiments que séparent et encadrent des raies de dents de scie. Il n'y a rien à dire des com- partiments extrêmes qui n'offrent qu'un marquetage en damier. Le tableau du milieu est seul intéressant. Il est plus grand au moins d'un tiers que chacun des deux qui l'accompagnent et a cinq mètres quatre-vingt centimètres de long; comme dans ceux-ci, le noir et le blanc y sont les (1) Cette statue est en ce moment à Paris, à l'Exposition universelle.