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(58 TIC-TAC. le chaste oreiller, peut-être le trouverait-on humide de larmes. Et Henriette, pensive, regarde... Elle a repris la direction de l'usine. Le père La Rite y demeure et se charge de la surveillance des ouvriers, fonctions peu conve- nables pour une jeune fille. Tout tourne pour le mieux dans le meilleur des moulins possibles... Mais Henriette, pensive, regarde... Sur quel point s'attache votre œil attentif et mélancolique, ô ma chérie? Suit-il les vapeurs légères qui ondulent sur les futaies, à la brise matinale, comme l'écharpe des péris ou les fils voyageurs delà vierge scintillant dans un rayon?... Epiez-vous les premiers frémissements des jeunes rameaux et des bourgeons frais éclos qui se sentent vivre aux caresses de la saison nou- velle... Ou bien penseriez-vous, pauvre enfant, à sonder les mys- tères de la coupole bleue sous laquelle l'intelligence humaine luit vaguement, emprisonnée comme la lampe sous le boisseau?... Non! Henriette regarde, tout bonnement, là , en face, de l'au- tre côté du ruisseau, sur un buisson d'aubépine en fleurs, deux fauvettes qui font leur nid N'essayons point d'analyser ce qu'elle éprouve. Ces choses-là ne se racontent pas en notre langue. Lisez le cantique de Salo- mon, ou souvenez-vous de vos vingf ans. Soudain, une voix un peu chevrottante, mais juste et gaie, commença, tout près d'elle, sur le seuil de la porte entrebaillée, cette vieille et naïve ronde dauphinoise : Quand Pernetto se lêvo Tra la! la déritou dé ralala La déritou ! Quand Pernctto se lêvo Treis houras d'avà n jou (bis) Hou ! .. N'en pren sa coulounietto Tra la ! la déritou de ralala La déritou ! N'en pren sa coulounietto Embe soim petit tour (bis) Hour ! Tous tous tours que n'en viro Tra la ! la déritou de ralala La déritou!...