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46 RECHERCHES SUR JEAN GROLIER. d'autres a la fin du XVe siècle, après la grande expédition de Naples. Il est très-probable qu'a cette même époque, sous l'influence des modèles rapportés de l'Orient par les naviga- teurs vénitiens, l'Italie donna les premiers spécimens de reliures en maroquin gaufré et doré. Naturalisés en France, ces modèles furent variés de mille manières sous l'influence de la Renaissance. Grolier prit une part active et considérable à ces efforts multipliés et concordants des amateurs et des artistes, efforts qui eurent pour résultat de créer en France une grande école de reliure dont les adeptes suivirent à peu près les mêmes errements pendant tout le XVIe siècle. Grolier donna l'élan : l'émulation engendra l'habileté, qui, bien dirigée par les disciples du maître, ne le céda bientôt plus a celle des ouvriers italiens et même la surpassa.... Selon l'expression de M. Edouard Fournier, Grolier « créa un art français avec les procédés italiens. De son temps il fit école, de nos jours il sert de modèle : ces reliures mo- dernes si admirées ne sont des chefs-d'œuvre que parce qu'elles sont d'habiles imitations de celles qu'il fit exécu- ter (1). » Mais les artistes qui travaillèrent pour les Maioli, les Grolier, les Sainte-Maure, les de Thou, ne signaient pas leurs œuvres, c'est pourquoi cette époque est la moins con- nue, comme elle est la plus curieuse, des trois périodes de l'histoire de la reliure en France, histoire qui commence a Charlemagne donnant licence à l'abbé de Saint-Bertin de se procurer par la chasse les peaux de cerfs nécessaires a la reliure des livres de son abbaye, et qui se continue de nos jours, grâce aux travaux des artistes modernes, avec un éclat renouvelé. Pendant trente années consécutives, on vit dans Y Hôtel de Lyon, résidence de Grolier a Paris, cette merveilleuse biblio- (1) Gazette des Beaux-Arts, 1862-64. Divers articles sur l'Art de la re- liure en France, réunis depuis en un volume. Paris, 1864, in-12.