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36              RECHERCHES SUR JEAN GROLIER.

la ville ; je n'ay poursuivy encore chose de si grande affec-
tion que je feray ladite suppression. » Certes, c'est là le lan-
gage d'un bon citoyen, et dans presque toutes ces lettres,
aux détails qu'il donne, à la chaleur de son récit, on recon-
naît un dévoûment absolu, généreux, désintéressé, sans
lassitude, sans défaillance, aux intérêts de sa ville natale.
   En 1557, une grosse affaire de subsistances occupait le
consulat. Il s'agissait de convois de blé se dirigeant par eau
sur Lyon et provenant du duché de Bourgogne, du Bassi-
gny, de la Champagne, etc. Il y en avait plus de dix mille
asnées, et le roi avait accordé au consulat des lettres de
traite générale. Mais la « nécessité des bleds estoit en Bour-
goigne ; » les riverains de la Saônd voyaient avec un mécon-
tentement de plus en plus marqué les baieaux descendre
vers Lyon, et en plusieurs endroits les convois furent ar-
rêtés, en vertu « des mandemeus et deffenses faites par le
sieur de Villefrancon, gouverneur de Bourgoigne. » Cinq
lettres, du 24 avril au 4 novembre, furent écrites par Grolier,
soit au consulat, soit au procureur de la ville de Lyon, sur
cette importante affaire. Nous voyons Grolier agir a Saint-
Germain où se trouvait la cour, et se transporter de sa per-
sonne à Dijon, a Chalon, a Mâcon, à Auxonne, partout où
les difficultés se présentent, pour les résoudre et par le
droit et par la politique. Dans la même lettre, il détourne le
consulat, encore qu'il fût dans son plein droit, d'intenter
un procès « à ung gouverneur de Bourgoigne, qui a aujour-
d'hui a sa dévotion la plus grande partie du conseil privé. »
« J'ay estimé, dit-il, que ce seroit témérité ou inconsidera-
tion de le vouloir poursuyvre contre le conseil du saige
Salomon : noli pugnare cum potente. » Puis il montre l'irri-
tation des marchands de Bourgogne défavorable au com-
merce de la ville, et enfin, pour achever de calmer l'orage
soulevé au sein du consulat par les prétentions injustes du