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458                    MARIE 1'ETIT-JEA.N.
rebâtir, fortunes et monuments ! Les conquêtes de l'empire vin-
rent absorber toutes les pensées, animer toutes les ambitions ,
et fermer, par sa dévorante conscription, toutes les carrières
à la jeunesse.
    Dans une telle occurence, quelle ressource, quel enseigne-
ment pouvaient espérer ceux qui, prédestinés à l'art, naissaient
à cette fâcheuse époque? Ce fut cependant celle où beaucoup de
nos artistes contemporains virent le jour, artistes dont on juge sé-
vèrement les œuvres au point de vue actuel, sans faire la part des
difficultés qu'ils eurent à surmonter.
    Lors de la première phase de l'Ecole lyonnaise, l'Anneau Je
Charles-Quint de M. Revoil, et le Vert-Vert de M. Richard
étaient regardés comme des chefs-d'œuvre ; atteindre à leur hau-
teur était toute l'ambition des élèves. — De nos jours, que de
jeunes rapins rient et lèvent les épaules en considérant ces œu-
 vres dont l'apparition excita tant d'enthousiasme et d'admira-
tion ! — Pour être satisfaits de leurs productions , pensent-ils ,
les peintres du commencement de ce siècle ne connaissaient donc
pas les chefs-d'œuvre anciens ? — Eh ! mon Dieu si ; mais niez-
vous l'influence de la mode, et ne savez-vous pas qu'on ne
 cherche l'émulation que parmi ses contemporains? ce sont ceux-
là qu'on désire égaler et surpasse* Quant aux maîtres défunts
 depuis longtemps, ils ne portent plus ombrage.
    Jeune, sans expéz-ience, sans jugement acquis, l'on adopte les
idées du moment, le goût du jour ; ce goût est le seul bon , ces
 idées les seules bonnes. Les anciens peintres deviennent à vos
 yeux de vieilles perruques. Alors tout ce qui n'était pas David
 était Vanloo , mot équivalent à absurde.. — M. Grobon, cet ar-
 tiste éminent, si beau de couleur, si vrai, si consciencieux de
détails, n'est-il pas de nos jours méconnu des faiseurs de po-
 chades ? voit-on quelqu'un chercher à suivre sa route ? Non,
 mais que d'imitateurs, que de suivants de Diaz, Wattier, Corot,
 etc., les dieux du moment. Patience, leur tour viendra d'être
 jugés par leurs successeurs avec le même mépris qu'ils ont pour
 leurs devanciers.
    Après ce préambule, que nous avons cru utile, arrivons Ã