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             """"'"•'     COLONNE DE CUSSY.                         71
  opinion personnelle et réfuter celle des autres pour faire pré-
 valoir chacun la sienne. Ainsi la découverte de Prunelle fut mo-
  difiée par Millin , et, quelques années après, par Grivaud de la
 Vincelle, éditeur de Pasumot. C'est à peine si Girault, arrivé
 le dernier, la mentionne dans sa dissertation. Ils auraient bien
  mieux fait, tous, de l'accepter franchement que de greffer sur
 cette donnée lumineuse, d'imaginaires suppositions ; ils m'au-
 raient dispensé d'une tâche que le souci de la vérité m'impose
 en ce moment.
     Le Dr Prunelle pense que la colonne de Cussy fut élevée en
 l'honneur de Maximien Hercule, vainqueur des Bagaudes. J'a-
 dopte complètement cette explication, et je tâcherai, par de nouvel-
 les considérations, de lui donner une démonstration plus grande.
 C'est une vérité dans l'ombre qui mérite d'être mise en lumière.
     Les prétendants à l'empire, durant la dernière moitié du
 IIIe siècle, ayant agité et soulevé les Gaules, à diverses reprises,
 de ces coupables rebellions, naquit une grave désorganisation.
Pendant treize ans, à dater de la révolte de Posthume, la Gaule
fut démembrée de l'Empire. Aurélien la recouvra en 270 par la
 défaite ou pour mieux dire par la reddition de Tétricus (1). Ces
 treize ans forment une période d'anarchie, où l'on voit tous les
liens de l'autorité relâchés ou brisés, des populations armées
par la rébellion et se servant de leurs armes pour le pillage et
la dévastation , des bandes de paysans et d'esclaves émancipés
et pervertis, saccager une grande partie de la Gaule. Ces excès
eurent lieu, notamment sous Tétricus , impuissant à contenir
l'insubordination de ses troupes, et, à plus forte raison, l'excessive
licence des rebelles. Ces brigands, composés de paysans, d'es-
claves (2) et de malfaiteurs, furent appelés bagaudes parles in-
digènes. De tous les fléaux qui ont désolé le monde, celui-ci ne
fut pas le moindre, dit Mamertin le panégyriste (3). Ces paysans,

  (1) Tillemont, tom. III, pag. 522.
  (2) Omnia pêne Galliarum scrvilia in Bagaudam conspiravere.
                                              PROSPER.
  (3) Pan. vet., pag. H l el 11-4, edit. ad usum Delpliini, 1676,