Revue du Lyonnais » série 2 - n°5 ( 1852 ) » pp.164

 164                     BOURG-EN-BRESSE.
  riant bastion qui l'encadre. Quant à moi, j'ai toujours préféré et
 je préfère l'hôtel des Griffons , rue de la Halle , sur la route de
  Lons-le-Saulnier , parce qu'il est marqué d'un sceau plus pro-
  fondément local, par la clientèle bressanne qui le fréquente ,
 et parce qu'il est tenu avec un soin remarquable.
     Par-ci, par-là, à Bourg, nous trouverons encore de vieilles
 maisons bressannes, faites en bois , à étages progressivement
 saillants, à vastes avant-toits, du genre de ceux qui se voient
 dans la campagne, festonnés d'épis de maïs , et couronnés de
 plantes parasites.
     L'église cathédrale de N.-D. de Bourg (donnons-lui ce titre
 puisqu'elle l'a possédé), c'est le temple communal et populaire
 de la cité. Son origine plébéienne contraste avec la source royale
 d'où émana Saint-Nicolas-de-Brou. L'une vient d'en bas, l'autre
 d'en haut : l'obole du pauvre a bâti celle-ci, les munificences
 souveraines ont érigé l'autre.
    N.-I). de Bourg naquit sous la forme d'un obscur et pauvre
 oratoire , tout comme l'église de Villefranche-sur-Saône , à l'oc-
casion d'une Vierge miraculeuse trouvée dans la terre. J'aime
ces trois nefs amples et majestueuses du XVe siècle , ces stalles,
ces vitraux peints, ce mobilier précieux de la sacristie et du
chœur, cette clef pendante si richement profilée; j'aime surtout
ce clocher posé à la façade du monument. Comme il concorde
avec les horizons bressans ! comme il nous fait agréablement
passer en revue, dans un ensemble régulier, tous les ordres
d'architecture ; comme sa floraison est sobre, son art limpide,
sa composition savante, sa progression logique. Å’uvre du
XVIe siècle, il semble la copie amplifiée des clochers de Saint-
Michel de Dijon. Beffroi de la ville de Bourg, autant que clocher
de son église, il porte le blason de la cité , partie de sinople et
de sable à la croix de Saint-Maurice d'argent, brochant sur le
tout.
   Ce clocher, dont feu M. Bon a été le bienfaiteur, fait partie
intégrante de l'histoire oculaire de la cité ; il y joue le principal
rôle. Détruisez-le, et la ville de Bourg n'aura plus de symbole
ni d'expression.




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