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                         LES TROIS BURCHARD.                            123
 défait, il tomba lui-même entre les mains du vainqueur. Celui-
ci , qui semble avoir nourri contre lui quelque inimitié person-
nelle , fit subir au prélat malheureux un traitement indigne de
son rang : il le chargea de fers, et le conduisit, dans cet état,
devant l'Empereur. Dans cette occasion , le Monarque irrité se
montra inexorable ; il ne pardonna point à Burchard ce dernier
acte de rébellion, et le fit garder à vue dans une forteresse, où il
demeura prisonnier plusieurs années (1).
   Lorsque la nouvelle de la captivité du pontife parvint à Lyon,
tous les partis, comprimés par la crainte qu'il leur avait inspirée,
se ranimèrent. Le comte Giraud de Forez fut celui qui déploya
le plus d'activité : ses prétentions ne tendaient à rien moins qu'à
faire déposer Burchard pour lui substituer son fils, à peine ado-
lescent (puerulumj. Mais le prélat, quoique retenu dans l'exil, ne
pouvait être légalement dépouillé de sa dignité archiépiscopale
que par un jugement solennel prononcé par un concile convoqué
ad hoc par le Pape et l'Empereur (2). Aussi Burchard avait-il
conservé un puissant parti dans le clergé de la métropole. Ce-
pendant , le comte Giraud parvint à faire nommer son fils par
la faction qui lui était dévouée; mais ce succès passager fut
bientôt suivi d'un revers. Le Chapitre métropolitain, qui, en
l'absence de l'Archevêque, exerçait le gouvernement temporel et
spirituel, comprenait que Burchard, malgré son despotisme et les
vices même dont on l'accusait (3), était le bouclier des franchises
et des prérogatives de son Eglise, tandis que le comte, au con-
traire , n'avait évidemment intronisé son fils qu'avec l'espoir de
parvenir plus aisément à dépouiller l'église de Lyon de tous ses
privilèges temporels et à replacer cette cité sous son obéissance.
Ces considérations grossirent le nombre des partisans du prélat
captif, et, ceux-ci, ayant fini par l'emporter, à leur tour, ils

   (1) Hermann Conlra., ad ainium 1056 , apad Bouquet, t. XI, p. 18.
  (2) Selon Wippo lui-même, parlant des évêques d'Italie exilés par l'empe-
reur : aquœ m displicuitmuUîs, sacerdoles Cliristi sine judicio damnari. »
   (3) Hermann Contra. ( I . c. ) l'accuse de tyrannie, de sacrilige et même
d'inceste, accusations suspectes dans la bouche d'un zélé partisan de l'em
pereur.