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                        MARIE PETIT-JEAN.                       459
 l'artiste modeste, presque oubliée dans sa ville natale , où ce-
 pendant, parmi les personnes de son sexe, elle n'a pas encore
 été remplacée.
    Marie-Antoinette-Victoire Petit-Jean, née Trimolet, fut portée
 dans le sein de sa mère pendant toutes les privations, les an-
 goisses , les terreurs du siège de Lyon, et vint au monde en cette
 ville, le 26 janvier 1794.
    La révolution ayant tout bouleversé , tout déclassé, et consé-
 quemment donné des loisirs forcés à son père, Jean-Louis Tri-
 molet, ci-devant dessinateur de broderie, il se fit un devoir de
 les consacrer à l'éducation de son enfant. Grâce à une méthode
 inspirée par son amour paternel, sa fille sut aussitôt lire que
 parler. Voici par quel moyen, il est bon de le signaler, il obtint
 cet heureux résultat : A mesure que Marie prononçait un nouveau
mot, il l'écrivait sur un tableau, en gros caractères, bien for-
 més , l'accompagnait de figures dessinées et souvent coloriées
qui, par l'organe de la vue, le gravaient dans son jeune cerveau.
    Plus tard, quand elle put tenir un crayon, il lui fit imiter ces
caractères et ces figures. Aussi, Marie Trimolet, à l'âge où l'on
pense, ne pouvait-elle se rendre compte comment elle avait ap-
pris à lire, écrire et dessiner, et croyait que tout cela lui était
venu naturellement, en naissant.
    Elle n'avait pas douze ans que , déjà d'une main ferme, elle
faisait au crayon le portrait de tous les membres de sa famille.
   Laborieuse et d'une raison précoce , elle mit à profit son petit
talent dans la nouvelle industrie que s'était créée son père. I
fallait, son jeune esprit le sentait, remédier aux torts de l'aveugle
fortune. Hélas ! souvent que de belles années perdues pour com-
bler ses bévues !
    Comme récompense et délassement de ses travaux, elle obtin
un maître de dessin, le dessin étant sa passion favorite. Ce fu
d'abord M. Carra, ensuite M. Grognard, professeur à l'École spé-
ciale de la ville. Ce dernier la reçut dans son atelier, en compagnie
d'autres demoiselles. Si !a phrase n'était pas si rebattue, nous
pourrions dire, avec juste raison, que bientôt Marie n'eut plus rien
à apprendre de ses maîtres. — Plus tard , en 1816, M. Artaud ,