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                   DISCOURS DE M. TABAREAU.                       409
    Qui pourrait douter que cet apprentissage, si difficile à l'âge
de la faiblesse intellectuelle de l'homme, et qui ne peut marcher
 plus vite que le développement lent et graduel de notre raison
 et de notre intelligence, n'ait été, dans les anciennes écoles, la
 seule cause du travail persévérant de tous les jours et de tous
les instants, qu'il fallait accorder aux exercices littéraires, lors-
 qu'on leur demandait, exclusivement à toute autre culture de
l'esprit, le double enseignement de l'art de penser et d'écrire?
    Qui pourrait, par conséquent, se refuser à croire qu'en ap-
pelant les sciences à partager avec les lettres la difficile tâche de
 notre développement intellectuel, on ne parvienne à la môme
 supériorité dans la connaissance des langues et dans l'art d'é-
 crire, en consacrant à leur étude moins de temps que dans le
 système de la culture exclusivement littéraire de l'esprit?
      Jeunes étudiants des sciences,
    Ne craignez pas que la science vous fasse défaut dans le pro-
fessorat de l'art de penser qui favorisera si puissamment vos
progrès dans les lettres. Vous ne parviendrez pas sans peine aux
palmes littéraires, mais vos fortes études scientifiques élèveront
 assez votre intelligence pour que vos succès puissent répondre
à vos nobles aspirations. Cette supériorité intellectuelle, vous la
 devrez : à l'enchaînement si éminemment logique des vérités
mathématiques ; à la liaison des causes et des effets qui expli-
que les phénomènes de la physique -, à l'esprit de recherches au-
 quel la chimie doit ses découvertes ; à l'ordre et à la méthode
 qui ont dicté les classifications de l'histoire naturelle.
    Glorifiez la grande pensée qui, sans compromettre l'étude des
belles lettres, a créé dans nos écoles de nouvelles leçons d'in-
telligence ; et, confiants dans votre avenir, demandez, avec M.
 Dumas , le savant rapporteur de la commission des nouvelles
études, que les grands concours des Lycées de Paris ouvrent une
lutte littéraire, entre les lauréats des sciences et des lettres, et
les lauréats des seules lettres.
                                                    TABAKKAI''.