Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                      H. W. LONGFELLOW.                        175


                                IV.

                LES TRACES DES ANGES.

    « Lorsque les heures du jour sont comptées et que les voix
 de la nuit éveillent l'âme meilleure qui sommeillait en nous, à
de saintes et calmes délices.
    « Avant qu'on n'allume la lampe du soir, et lorsque, sem-
 blables à de grands fantômes grimaçants, les ombres du foyer
dansent capricieuses sur le mur,
    « Alors les images de ceux qui ne sont plus entrent par la
porte laissée ouverte. Mes aimés, mes cœurs fidèles viennent
 encore me visiter.
    « C'est lui qui, jeune et fort, caressait en son sein des aspi-
rations aux nobles luttes. Lassé par la marche sur les routes
humaines, il tomba et mourut sur le bord du chemin.
   « Ce sont eux, les saints et les faibles, qui portèrent la croix
de la souffrance. Ils ont plié si doucement leurs pâles mains !
et ils ne nous ont plus parlé sur cette terre.
   « Et avec eux l'être charmant qui reçut en don ma jeunesse
pour m'aimer plus que toute autre chose, et qui est maintenant
une sainte du ciel.
   « A pas lents et sans bruit vient la messagère divine ; elle
prend la chaise vide à mon côté ; elle pose sa main gentille dans
la mienne.
    « Et elle s'asseoit et me regarde avec des yeux profonds et
attendris, comme les étoiles paisibles qui, pareilles à des sain-
tes, abaissent leurs regards du firmament.
   « Muette, mais comprise cependant, est la prière de l'esprit
sans voix ; -doux reproches que respirent ses lèvres aériennes, et
finissent par des carresses.
   « Oh ! bien que souvent abattu et solitaire, je dépose toutes
mes craintes, si je viens seulement à songer que ceux-là ont vécu
et sont morts !