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518 CHRONIQUE THÉÂTRALE. coquetterie vocale difficile à soupçonner. On peut rêver une voix plus ample, plus expressive; mais, dans l'art de secouer la grappe des notes scintillantes, mais pour le cliquetis des trilles, l'irradiation étincelante de la voix, où lui trouver une rivale? Elle se fait tellement un jeu de toutes ces difficultés, elle est tellement à son aise au milieu de cas fioritures, de ces broderies, qu'elle semble les briser, les interrompre à plaisir pour les renouer ensuite avec une dextérité qui tient du prestige. Il y a dans sa manière comme une audace qui ajoute à sa grâce, une gaité enjouée et vaillante, une impétuosité charmante, couronnée de succès. Et, de plus, quelle harmonie, quel accord entre ce chant qui est comme l'expression naturelle de \a joie, et sa personne, ses mouvements, ce visage qui semble moulé dans un sourire, tant il parait rebelle à toute autre impression. En somme, Raymond a été bien joué par tout le monde. C'est, nous le répé- tons, un succès. Aux Célestins, le drame fleurit dans tout son éclat, La Bergère des Alpes et Jean le Cocher ont détrôné le vaudeville. Nous avons eu aussi le Démon du Foyer, de Georges Sand, cette comédie qui a tant fait crier les feuilleton- nistes, que l'auteur s'était permis d'appeler des gazettiers, comme si les feuil- letonnistes étaient des sénateurs, des conseillers d'état, des préfets, ou même de simples commissaires de police, et lassent rangés dans la classe des per- sonnes inviolables. Après avoir entendu la pièce qui, sans être un chef- d'œuvre, est tout à fait digne de son auteur, nons n'avons pas été médiocrement surpris de la tempête qu'elle a suscitée, et tout feuilletonniste que uous sommes, nous ne nous imaginons pas avoir été insulté, et nous ne nous croyons pas le droit de nous fâcher. .1. T. Dans notre précédent numéro nous avons donné une Vue de la statue éques- tre de l'empereur Napoléon, inaugurée à Lyon le 20 septembre de celle année; le numéro prochain contiendra une Lithographie et une Eau-Forte repré- sentant Trévoux. Ces deux planches accompagneront l'Histoire de la ville de. Trévoux, par M. .lolibois. La lithographie est due au crayon facile de M. Dubief, l'eau-forte au burin de notre habile peintre de fleurs, M. Thierriat.