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                         AU MOYEN AGE.                         M i

quand l'Allemagne et l'Empire s'humilièrent deux fois à leurs
pieds. Pendant une grande partie de ces siècles si tristes pour
l'Italie, où les révolutions, singulièrement plus violentes quoique
plus circonscrites que de nos jours, traînaient après elles dans tou-
tes ses provinces les guerres civiles et les fureurs des proscrip-
tions , la papauté fut sans cesse errante ; longtemps elle n'eut
où reposer sa tête, et, plus d'une fois, elle dut implorer le secours
d'un vengeur, dont elle craignait de se faire un maître. Sa liberté
était malheureusement compromise autant que son autorité, et
jusqu'à ce qu'elle la diminuât elle-même en s'enfermant dans
la captivité trop réelle d'Avignon , elle ne réussit à la sauver que
par une constance et une grandeur qui tiennent du prodige.*
    Pourquoi donc la puissance pontificale est-elle déchue à un
jour donné ? Comment, après avoir brillé au XIIe et XIIIe siècle
d'un si vif éclat, l'a-t-eîle vu pâtir au XIVe ? La raison en est
claire. L'Eglise Romaine perdit au XIVe siècle une large part de
sa liberté : le séjour d'Avignon, puis le grand schisme, la frappè-
rent dans son indépendance ; et si te gouvernement spirituel fut
sauvé par les conciles de Constance et de Baie, son influence po-
 litique n'en resta pas moins amoindrie, quoique les historiens
 aient souvent exagéré sa faiblesse. 11 est certain que son étoile
 pâlit alors, et qu'avec une situation moins élevée et moins libre,
 ses chefs eurent moins de génie et d'éclat. Le trône de saint
 Pierre fut occupé par des hommes de talent, mais cessa pour
 un temps de l'être par de grands hommes.
     A cette cause, il faut en ajouter une autre, c'est que les gou-
 vernements laïques s'étaient déjà étendus et améliorés, quoique
 d'une manière imparfaite. Je parie surtout de la France. La
 royauté avait déjà fait disparaître ia plupart des souverainetés
 provinciales et centralisé l'autorité. Le corps judiciaire s'était
 constitué monarchiqueinent depuis les règnes de saint Louis et
 de Philippe-le-Bel, et le droit civil, cet héritier du droit canon
 auquel il devait sa naissance, était déjà puissant et ambitieux. 1 1
 y avait donc une loi et des tribunaux pour l'appliquer eu dehors
  de l'Eglise. Le gouvernement royal, plus complet et plus fort en
  même temps que plus régulier et plus jusie, pouvait se passer