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476 DE LA PUISSANCE ECCLÉSIASTIQUE des méthodes, les goûts encyclopédiques, les erreurs scien- tifiques , l'ignorance de l'antiquité, inconnue à demi jusqu'à la renaissance. Dirai-je enfin qu'avant quelques docteurs du XIIIe siècle et la triade italienne du XIVe, le moyen-âge n'a pu nous léguer un seul de ces noms qui font la gloire d'un pays, d'une nation, et la marque intellectuelle de toute une époque. Permettez-moi de rappeler à ce propos la manière ingénieuse et plausible dont un célèbre littérateur allemand (1) a caractérisé la scholastique. Tentative, selon lui, d'alliance bâtarde entre les restes de la philosophie antique, considérée par son côté le moins élevé, puisque Platon était presque inconnu au moyen-âge, et le spiritualisme chrétien. Le spiritualisme chrétien aurait lutté contre des tendances contraires, et ne se serait dégagé que peu à peu de ces premières entraves, avec saint Thomas, l'ange de l'Ecole, saint Bonaventure, le docteur séraphique, et plus tard, les mystiques, en tête desquels marche Gerson. Vue de cette manière, la science du moyen-âge ne serait en quelque sorte, que la chrysalide d'où le spiritualisme chrétien devait se dégager avant de prendre son essor. 11 fallait attendre que la renaissance fît, non-seulement mieux connaître, mais mieux comprendre l'antiquité, dont elle ralluma le flambeau, et servît ainsi la cause du spiritualisme dans la philosophie tout entière, c'est-à -dire, dans l'universalité des sciences et des connaissances humaines. Tout à l'heure, je m'excusais de faire le panégyrique de la, papauté, ou plutôt j'en prenais acte. Ici, ce n'est point un réqui- sitoire que j'écris contre le moyen-âge, encore moins une satyre. Je veux bannir de cette enceinte toute polémique ; mais je résume les impressions de mon cours de l'année dernière, et, à côté de la grandeur de ces temps, je constate aussi leur malheur et leur insuffisance. Je les constate surtout par comparaison avec les nôtres. Ohl quand on se reporte à des temps plus anciens encore, à ceux où le christianisme domptait d'abord la barbarie ; quand on songe aux efforts de Charlemagne et de ses contemporains (l) Frédéric Schlegel, Histoire (le la Littérature,