Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
150             VIE DE L'ABBÉ L . - J . LE CLERC.
de poète encore vivant. On y corrige, à la vérité, bien des fautes
que quelques écrivains encore vivants ont faites dans leurs écrits,
en parlant de divers poètes morts, mais on le fait avec tous
les ménagements nécessaires. La grâce, Monsieur, que je vou-
drais que vous obtinssiez de Mgr. le Garde des Sceaux, serait
que sa grandeur voulût bien nous accorder ici un examinateur,
M. Brossette, par exemple, ou quelque autre. En cas que cela ne
se pût, je souhaiterais qu'au moins vous fissiez en sorte que le
manuscrit fût remis à Paris à quelqu'un qui ne le gardât pas
longtemps, et qui ne nous fit pas languir, par exemple à M. de
la Barre (1), qui est de mes amis.
    « En relisant ma lettre, j'y aperçois une équivoque, dans
la parenthèse où j'ai mis, au nombre d'environ six cents, que
vous pourriez peut-être entendre des anecdotes, au lieu que
c'est des poètes dont on parle dans l'ouvrage qui sont au nombre
d'environ six cents. L'ouvrage fera un fort in-4°. Je suis, etc. »
   Cette Histoire de nos Poètes se trouvait malheureusement
alors en concurrence avec le Parnasse françois de Titon du Tillet,
et les démarches de l'abbé Le Clerc, pour obtenir un privilège,
furent inutiles. Le manuscrit resta dans la bibliothèque de Saint-
Sulpicede Lyon, avec le traité du Plagiat.
    « Qui ne connaîtrait cependant M. Le Clerc que par ses tra-
 vaux, ajoute le Mercure de France, ne le connaîtrait pas du
côté le plus avantageux : les qualités du cœur surpassaient chez
lui les talents de l'esprit. Une piété tendre et affectueuse, une
 bonté compatissante et une douceur inaltérable formaient le
fond de son caractère. De là cet art merveilleux qu'il possédait
 de gagner les cœurs et de faire goûter la vertu ; de là encore
 cette modestie et cette simplicité de mœurs qui, faisant comme
 disparaître en lui l'homme de lettres et le savant, ne laissaient
 entrevoir que l'homme ordinaire et le pieux ecclésiastique. Aussi
 n'y eut-il jamais savant moins enflé de ses connaissances, et
 moins entêté de ses sentiments. Ami du vrai et ennemi déclaré


  (1) E F.Jo. de la Bane, membre de l'Académie des Inscriptions , né à
Touniay, en 1688, mort en 1738. Biogr. nniv.