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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 93 LA. THEODICÉE CHaÉTIENNE D'APRÈS LES PÈRES DE L'ÉGLISE, ou ESSAI PHILOSOPHIQUE SUR LE TRAITÉ DE DEO, du P . THOMASSIN , d e l'Oratoire, par Louis LESCOKCR. Paris, Ch. Douuiol, au bureau du Correspondant, 1852. Le P , Thomassin est l'un de ces hommes trop rares aujourd'hui, mais nombreux au XVII e siècle, qui se sont illustrés par d'immenses travaux m o - destement accomplis dans la retraite, qui ont allié à la piété la plus fervente un noble amour d e la science et u n e profonde érudition. Peu connus a u - jourd'hui d'un public frivole qui dédaigne leurs volumineux ouvrages, ils n'ont point cessé cependant d'être pour tous les hommes sérieux les guides les plus s û r s , les autorités les plus imposantes. C'est que les hommes illus- tres du XVII e siècle réunissaient deux qualités qui maintenant semblent s'ex- clure : ils étaient à la fois érudits et penseurs. Tout ce qu'avait découvert le passé leur était familier jusque dans les moindres détails , et ces longues et minutieuses études laissaient pourtant à leur esprit non moins d'originalité que de vigueur. Tel fut Thomassin. Son plus beau litre de gloire est d'avoir donné, dans ses Dogmalo Theologica, un admirable résumé de la philosophie antique et de la théologie chrétienne , d'avoir compris en homme de génie et condensé eu quelques volumes tout ce que ta lumière naturelle de la raison avait révélé de plus vrai aux anciens sages ; tout ce que les longues mé- ditations sur l'Écriture et l'enthousiasme d e la sainteté avaient inspiré de plus sublime dans les innombrables écrits des Pères, Mais sa prodigieuse a c - tivité put encore embrasser un champ plus vaste. La pédagogie, l'histoire, la linguistique lui durent d'utiles travaux. Aussi savant q u e ses confrères les RR. Lelong et Abel de Sainte-Marthe, aussi profond philosophe que Male- b r a n c h e , et exempt des erreurs qui déparent les belles pages de ce Platon chrétien, digne élève du P . de Coudren par ses vertus, Thomassin se place au premier rang parmi les illustrations de l'Oratoire français. C'est assez dire q u ' u n e étude spéciale de ses osuvres ne saurait être q u ' i n - téressante et utile. Mais une. circonstance particulière donne au travail de M. Lescœur un intérêt tout a c t u e l , et le recommande aux suffrages de tous les amis chrétiens de la philosophie. M. Lescœur a entrepris de faire connaître le Traité de Deo, le plus impor- tant de t o u s , où Thomassin a pour but de montrer que Dieu n'est jamais resté complètement caché pour les hommes, qu'avant d'éclairer le monde par la lumière de l'Evangile, il s'était manifesté par la lumière de la raison,