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                      KT DE LA SOCIÉTÉ.                       481

parce qu'à cet égard les besoins des uns et des autres étaient
les mêmes. »
    II est de la plus haute importance de rappeler ici que ces
terres ne furent données aux Barbares qu'afin de les enga-
ger à vivre en paix avec les habitants des provinces romaines,
et à fournir des sujets el des soldais à l'Empire. Leurs rois eux-
mêmes ne furent assez longtemps dans les Gaules que de sim-
ples gouverneurs militaires, dont l'autorité s'étendait uni-
quement sur les troupes, et qui n'avaient rien à voir dans le
gouvernement civil. Quand, plus lard, ces princes se furent
déclarés indépendants et rendus souverains des provinces, dont
eux el les leurs ne formaient véritablement que la garnison,
 ils se gardèrent bien de troubler les Romains dans leurs p r o -
priétés ; ils respectèrent leurs usages, leurs lois, leur religion,
et ils les firent participer à toutes les charges, à tous les hon-
neurs de l'État. Les Codes des Bourguignons et des Visigoths
ne laissent aucun doute à ce sujet.
   C'est encore un fait certain que l'autorité des rois barbares
était de la plus grande douceur et de la plus grande équité,
tandis que, dans les provinces demeurées soumises à l'Empire,
les agents du pouvoir étaient d'une rigueur, d'une dureté,
d'une tyrannie sans exemple. On peut voir là-dessus ce qu'a
écrit Salvien, prêtre de Marseille, lequel était contemporain
des invasions successives qui eurent lieu dans les quinze pre-
mières années du Ve siècle.
   « Les citoyens, dit-il, sont dépouillés de leurs biens, les veu-
ves gémissent, les orphelins sont, pour ainsi dire, foulés aux
pieds. Cette iniquité ne règne point parmi les Golhs : aussi
tous les Romains, qui vivent sous leur dominaliou, deman-
djnl-ils au ciel, comme une grande grâce, de ne retourner
jamais sous l'obéissance des officiers de l'Empereur. En effet,
loin de voir nos compatriotes qui habitent les lieux où les
Barbares sont les maîtres, abandonner leurs domiciles pour se