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                          M. EKXHOFF.                          121

 tellectuels qui s'opéraient de son temps et des rapprochements
 qui commençaient à se produire entre les hommes, eût dit
 à ses contemporains : « 11 viendra un jour où les catholiques,
les hérétiques et les schismaliques, les chrétiens, les juifs
et les mahomélans, loin de se combattre et de se brûler
les uns les autres, vivront fort bien ensemble. Dans ce temps
que je prévois, l'harmonie reliera toutes les parties de cette
 France que vous voyez aujourd'hui si divisée. Chaque village
ne fera plus la guerre au village voisin, chaque caslel au
castel voisin ; le seigneur lui-même se gardera bien d'op-
primer ses vassaux. S'il le faisait, au nom de la loi, et,
malgré créneaux et pont-levis, on pénétrerait au cœur de
son donjon, on l'emmènerait de gré ou de force devant
le juge qui le condamnerait et le livrerait au bourreau, le-
quel l'exécuterait sans merci ni miséricorde comme le dernier
des vilains. Bien plus, les mille jargons que nous parlons
 aujourd'hui seront réduits à l'état de patois, et une seule et
môme langue retentira des Alpes à la Manche, du Rhin
aux Pyrénées. » Une pareille prophétie faite à une époque
où l'homme était pour l'homme un loup, comme dit le phi-
losophe anglais, où l'on devait dire ou jamais : Comment peut-
on être persan? Une pareille prophétie aurait fait tomber
de son haut lout être humain qui l'aurait entendue, et
pourtant elle eut été vraie de point en point. Eh ! bien, pour-
quoi ce qui s'est opéré pour les peuples de la France ne
s"opérerait-il pas pour les peuples de l'Europe, et pourquoi
ceux-ci ne s'organiseraient-ils pas un peu plus tôt ou un peu
plus lard sous un vaste gouvernement représentatif? Ce qui
s'est fait en petit peut se faire en grand, et si le monde est déjà
devenu un peu raisonnable en devenant vieux, je ne vois
pas pourquoi en devenant plus vieux il ne dépendrait pas
plus raisonnable encore.
  Entre un concert européen et le cours de M. EiccholT au