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I2(i COUHS D'HISTOIRE DE FRANCE. et des tremblements de terre, des tempêtes et des marées, de l'inégalité des saisons et de l'éruption des volcans. Jl a voyagé bien longtemps dans la lune et dans les étoiles, avant de descendre dans le monde de sa pensée ; il est resté bien des siècles pendu à une lunette, si lunette il y avait, avant d'étudier ce qu'il pouvait toucher du doigt. Il faui dire cela non seulement de l'humanité, mais encore de l'individu. Pour lui comme pour elle, dans les sciences naturelles comme dans les sciences historiques et dans la poésie, ce qui frappe les sens et l'imagination d'abord, et en dernier lieu ce qui s'adresse à l'intelligence pure. Mais quand un homme ou un peuple est parvenu à l'cige de raison, il s'élance avec ravissement dans le monde nou- veau dont il a brisé les portes, en parcourt à grand pas les contrées vierges encore, et ouvre les yeux avec délices à la lumière de ses astres rayonnants. L'esprit a alors ses exercices comme le corps avait eu les siens, il a ses ex- péditions aventureuses, ses tempêtes qui se dressent en gron- dant autour de lui, et ses bals intérieurs durant lesquels il savoure à longs traits l'existence, car le plaisir c'est l'ac- tivité corporelle ou spirituelle. Une fois qu'il en est arrivé là , action, poésie, histoire, science, tout s'empreint d'un autre caractère. Les travaux de la pensée prennent le pas sur les travaux du corps ; l'histoire les redit, la poésie les chante et la science s'en inspire : des guerres de raison au lieu des guerres de fantaisie, des poésies philosophiques au lieu des poésies d'imagination ; l'histoire des idées au lieu de l'his- toire des faits matériels, et des sciences méthodiques, c'est- à -dire, qui parlent de l'homme, au lieu de sciences arbitrai- res, c'est-à -dire, qui parlent des choses extraordinaires et éloignées; des sciences allant, non plus de la circonférence au centre, mais du centre à la circonférence. C'est ainsi que le développement de l'humanité est cor-