Revue du Lyonnais » série 1 - n°18 ( 1843 ) » pp.079

                      ÉGLISE DE SAINT-JEAN.                      79

   Cependant la révolution arrivait à pas de géant pour envelopper
dans une ruine commune les institutions religieuses et les hommes
qui vivaient à l'abri do l'autel. Il n'y eut qu'une voix dans le
Chapitre du 10 octobre t790, pour repousser la constitution civile
du clergé ; le Chapitre émigra en grande partie ; puis deux évoques
constitutionnels siégèrent successivement à Lyon, pendant que le
prélat légitime se mourrait dans la basse Saxe. Ce fut alors que la
Déesse de la raison parut sur son char dans le sanctuaire où des
pontifes avaient présidé, où des saints avaient offert le sacrifice.
   Napoléon ayant rétabli le culte, un Chapitre fut composé à
Lyon avec de nouveaux éléments, et quelques restes de l'ancien
clergé. A peine réinstallé, il eut à recevoir en 1805 le pape Pie Vif
qui célébra la messe dans la métropole , et y communia de sa main
un très grand nombre de fidèles. Mais ci! nouveau corps religieux
n'eut plus rien de commun que le nom avec celui du siècle précé-
dent, car sa puissance civile et politique était dissoute, ses châ-
teaux avaient été vendus, ses propriétés dilapidées, ses maisons,
deux de ses églises et ses cloîtres démolis. Il ne restait plus d'un
passé si extraordinaire que des souvenirs chaque jour plus confus.
Son titre même est aujourd'hui incounu de plus d'un Lyonnais,
et parmi les populations qui lui rendirent jadis foi et hommage,
un bien petit nombre d'hommes se rappellerait cette immense
existence qui n'est plus.
                                               H. LEYMWU�Î.