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   Là, des spectres faisant de l'ombre et du tumulte
   Vous cachent à mes yeux, vous-même ô mon ami,
   Et j'omets tout un jour de vous rendre mon culte,
   Vous l'hôte de mon cœur, vous d'hier endormi !



    Les bruits humains font taire en moi le saint murmure
    De votre esprit qui souffle et qui veut me parler,
    Et la foule tarit sous son haleine impure
    Ma paupière au moment où mes pleurs vont couler.



    Mais sitôt que j'ai fui tout seul vers la campagne,
    Et trouvé la nature et vu le jour vermeil ;
    Sitôt que je respire une odeur de montagne
    Et que Dieu dans mon ame entre avec le soleil ;


   Sitôt que l'infini se fait dans ma pensée,
   J'y revois, près du Dieu que je viens adorer,
   Votre ombre lumineuse un instant éclipsée
   M'appeler, me sourire, et je puis vous pleurer.


 être le moins familières. Quand la mort l'a frappé, il y avait un an à peine que les
circonstances lui avaient permis de se livrer tout entier à sa vocation littéraire.
Le cours de littérature qu'il professait avec éclat à l'Académie de Neuchatel
(Suisse), serait devenu, à en juger par les notes éparses qu'il a laissées, un mo-
nument d'esthétique tout à fait original. Ses amis espèrent tirer de ces notes
la matière d'une publication qui donnera une idée de ce qu'aurait pu faire,
dans la plénitude de son développement, cette intelligence d'élite. L'influence
qu'il a d'ailleurs exercée sur l'esprit de l'auteur de Psyché, et dont ces vers
sont un noble témoignage, ne pouvait appartenir qu'à une nature rare et puis-
sante.                                                   {Noie du Directeur).