Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
58                           ÉGLISE DE SAINT-JEAN.

la demeure de l'archevêque, et ne se retira qu'après avoir rendu la
cathédrale tout à fait impropre au service divin (1158). Il est per-
mis de croire que ce vénérable édifice dut succomber sous ses coups;
car on voit, quelques années plus tard, l'archevêque Guichard réunir
toutes ses ressources pour le réédifier. Par les soins du pape Alexan -
dre III, un premier accord eut lieu, en 1167, entre Guichard et le
comte Guigues ; il n'eut pas de résultat (1). Six ans après, les mêmes
parties se réunirent de nouveau : l'Eglise céda au comte tout ce
qu'elle possédait au-delà de la Loire, et reçut, en échange, la souve-
raineté immuable du Lyonnais et de la ville de Lyon.
   On a vu que saint Gébuin avait fait tous ses efforts pour empê-
cher ses chanoines de se partager les biens temporels qui leur avaient
été cédés à titre d'usufruit ; mais Renaud de Forez, un de ses succes-
seurs, monté sur le siège de Lyon vers 1195, s'engagea dans une
route toute différente. II ne craignit pas l'affaiblissement de l'Eglise,
grâce à la puissance nouvelle qu'elle avait acquise par l'échange de
1173, et introduisit, entre l'archevêché et son chapitre, la sépara-
tion tant désirée. Il céda en toute propriété au clergé un tiers de
la totalité des biens, revenus, justice et droits temporels de la comté
de Lyon ; il garda le reste pour lui. Dès lors, chacune des deux par-
ties fit administrer ses propriétés et sa justice par des officiers par-
ticuliers. L'auteur de l'article Archevêque, 1 e r vol. de cet ouvrage,
fait remonter à Guichard l'origine du titre de comte de Lyon que
portèrent les chanoines de Saint-Jean ou frères de Saint-Etienne.
Ménestrier et Deville, à qui nous devons les renseignements que
l'on vient de lire, prétendent que cette qualification distinguée dans
la hiérarchie nobiliaire leur fut donnée par Renaud de Forez, lequel,
étant fils de Gui II, frère de Gui III, et tuteur de Gui IV, comtes
de Forez, eut plus de facilité que tout autre pour consommer l'élé-
vation du Chapitre. Elle lui acquit, dit ce dernier historien, un re-
lief si considérable, qu'un de ses anciens registres, cité par Cham-
pier et d'autres auteurs (2), ne fait point difficulté de dire que



     ( r ) Paradin, 127 et suiv.
     (2) Severt, 262. L a M u r e , 169. Ménestrier, 284.