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               DE L'HOMME
                               ET



      DE LA SOCIÉTÉ.
                         (SUITE ET FIN).



                             XIII.

   Nous avons avancé, contre l'opinion de l'avocat Linguet,
opinion assez mal fondée, que la société devait son origine
à la réunion des familles agricoles et pastorales, lesquelles,
pour garantir leurs propriétés, se trouvèrent dans la dure
nécessité de forcer au travail les hommes sauvages dont ils
redoutaient les incursions déprédatrices. Il nous aurait été
facile d'ajouter que la puissance de la parole a bien pu tirer
l'humanité de l'état de sauvagerie : les merveilles que l'an-
tiquité raconte d'Orphée et d'Amphion, dans la Grèce, et
d'Ogmius, chez les peuples celtiques, attestent le prodigieux
pouvoir de l'éloquence; mais si nous pensons que, dans cer-
taines occasions, et à l'égard de certains hommes, le langage
de la raison a pu être employé avec succès, nous croyons éga-
lement que cet heureux moyen n'a pas dû toujours réussir,
et que, le plus souvent, il a fallu que la force fut unie à l'in-