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480                      DE L'HOMME

des bêtes de somme; les seconds étaient esclaves du fonds
qu'ils cultivaient, et, comme tels, vendus avec lui, c'est-à-dire
que lorsqu'un particulier, noble ou homme libre, vendait un
fonds de terre, le nombre de serfs attachés à ce fonds était
stipulé dans l'acte de cession et établissait le prix dn marché.
Les serfs habitaient de petites fermes appelées manses, et ré-
pandues çà et là dans la campagne ; ils les occupaient à per-
pétuité, eux et leurs familles, et ils en cultivaient les terres à
la charge par eux de payer à leurs maîtres une redevance an-
nuelle en argent, en fruits ou en bétail, selon qu'ils en étaient
convenus entre eux ; le nombre de ces deux espèces d'esclaves
 était fort considérable au commencement du Ve siècle.
L'abbé Dubos, dans son Histoire critique de l'établissement de
 la Monarchie française, AU que, sur environ dix-sept millions
 d'ames, qui composaient alors la population des Gaules, il n'y
avait peut-être pas cinq cent mille chefs de famille qui fussent
 de condition libre.

                              XVII.


   C'est un fait incontestable que l'empire Romain, depuis sa
 conversion à la foi jusqu'à sa chute, a fort peu différé, sous le
 rapport de la législation et des mœurs, de ce qu'il était au
 temps où il dormait enveloppé dans les langes du paganisme.


    « Les Empereurs, dit le président de Montesquieu, dans
 son Eprit des Lois, et, sous leur nom, les magistrats romains,
 firent des conventions avec les Barbares pour le partage du
 pays. En conséquence, le Barbare eut, dans certains cantons
 qu'on lui assigna, les deux tiers des terres et le tiers des es-
 claves. Le Romain, au contraire eut les deux tiers des escla-
 ves et le tiers des terres. Les bois furent partagés par moitié,