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DE LA PHILOSOPHIE, ETC. i63 die le nom de Dieu , dans leurs vives et éloquentes prolesta- lions contre les abus et les iniquités du vieil ordre social et dans leurs utopies inspirées par l'amour de l'humanité et de la justice. Ils invoquent l'éternelle justice, le droit, le devoir, et, dans leur superficielle métaphysique, ils n'aperçoivent pas que Dieu est le principe, la substance même de celte éternelle justice, au nom de laquelle ils travaillent à fonder une société nouvelle. Ils ne savent pas distinguer l'idée religieuse elle- même et ce qu'elle a d'essentiel des formes variées et des su- perstitions qui peuvent plus ou moins la fausser et la dénatu- rer, et ils l'enveloppent aveuglément dans la même proscrip- tion. Ils accomplissaient sans nul doute l'œuvre de Dieu, ils en étaient les prophètes et les ardents ouvriers, car quel homme encore aujourd'hui assez aveugle pour ne pas voir que prêcher la tolérance, la liberté, l'égalité des charges et des droits, la fraternité des hommes , c'était travailler à l'œu- vre de Dieu? Mais tout en accomplissant celte œuvre de Dieu, ils l'ignorent, et, par une contradiction vraiment sin- gulière, ils s'imaginent mettre Dieu de côté, alors précisé- ment qu'ils travaillent avec le plus d'ardeur à établir son règne en ce monde. Tel est le caractère général que présente la philosophie du XVIII e siècle en opposition avec la philosophie du XVII e . Elle est donc tombée au sujet de l'idée de Dieu et des rapports de l'homme avec Dieu dans la plus profonde et la plus dan- gereuse des erreurs, et elle a dû êlre repoussée et par tous les vrais métaphysiciens qui comprennent clairement, que ce qui est fini, limité, passager, ne peut se suffire à lui-même, ne peut s'expliquer par lui-même, et aussi par toutes les âmes qui éprouvent le besoin de l'idée et du sentiment reli- gieux. Quelle est sur ce point fondamental la doctrine professée parla philosophie qui domine dans l'université? S'est-ellc 30