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iGi DU CARACTÈRE RELIGIEUX penseurs du siècle de Louis XIV, avaient placé sous le patro- nage de l'idée' de Dieu, la société du XVIIe siècle, la monar- chie absolue, l'obéissance absolue, les inégalités des castes et toutes les institutions sociales contre lesquelles , au nom de la justice, l'esprit nouveau commençait à protester. C'est pourquoi il y eut, en quelque sorte, au XVIll" siècle, une réaction contre l'idée de Dieu et contre la prédominance qu'à juste titre la philosophie du XVIIe siècle lui avait reconnue et accordée dans l'ordre des idées et des principes. Par oppo- sition , le XVIIIe siècle laisse de côté Dieu et l'infini, pour s'occuper avant tout du monde , de l'homme , du fini. Sans doute, la plupart des philosophes du XVIIIe siècle ne nient pas précisément Dieu, mais s'ils ne le nient pas, ils s'effor- cent de lui faire la moindre part possible , ils n'en t'ont men- tion que pour mémoire et sous forme d'appendice ; à peine , suivant une expression énergique de Pascal, lui demandent- ils une première chiquenaude pour mettre le monde en mou- vement. Quelle est la nature de Dieu, quels sont ses attributs, quels sont les rapports de Dieu avec l'homme et avec le monde? toutes ces grandes questions si profondément trai- tées par le cartésianisme, non seulement la philosophie du XVIIIe siècle les laisse de côté, mais encore elle allecle de les dédaigner. Que de plaisanteries, que de sarcasmes Voltaire et Condillac lui-môme n'ont-ils pas accumulées contre la pré- tendue inutilité de ces questions , contre leur profonde et im- pénétrable obscurité ! avec quel dédain superbe n'onl-ils pas classé parmi les rêveurs et les fous tous les grands génies qui les avaient agitées ! Ce qui se passe en métaphysique, relativement à l'idée de Dieu, se passe également à la môme époque dans toutes les sciences morales et politiques. Considérez à l'œuvre les grands réformateurs de ce siècle; à l'exception peut-être d'un seul, de Jean-Jacques Rousseau, presque jamais ils n'ont à la bou-