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CHRONIQUE. L'église de la Guillotière est en reconstruction, et, dans la crainte où nous sommes de voir remplacer le bénitier roman qui s'y trouve, par un bénitier en marbre blanc tout neuf, nous croyons devoir dire quelques mots sur son importance. C'est un des morceaux les plus anciens et les plus cu- rieux en ce genre. Il est en granit gris d'un très beau grain. La cuvette a la forme d'un carré un peu allongé. Six serpents s'enroulent autour et se tiennent les uns aux autres. Un septième serpent vient d'être saisi par un homme dont on voit sortir la tête et le buste d'une cuve. Le tout et d'un travail excessivement barbare, et le symbolisme en est transparent. L'artiste a sans doute voulu figurer par ces serpents les sept péchés capitaux, dont l'un vous entraîne à l'autre. Celui que l'homme a saisi au moment où il est baptisé , c'est le serpent de l'orgueil , le maître de tous les autres. Le triomphe du baptême, la régénération de l'humanité, voilà notre expli- cation. Ce petit monument doit, selon nous, remonter au VIII e siècle, et pourrait bien avoir été pris à quelqu'une de nos anciennes églises romanes à l'époque de leur destruction. — M. Charrier de Sainneville, qui fut adjoint à la Mairie de Lyon, sous l'administration du comte d'Albon, et se trouva, après les Cent-Jours, investi des importantes fonctions de lieutenant-général de police, fonctions qu'il rem- plissait au moment où éclata le mouvement du 8 juin 1817, est mort dans le courant de septembre. Il avait perdu, depuis plusieurs années, l'usage de la raison. Tout dévoué à lafactionDecaze,M. Charrierse crut alors en opposition avec les autorités de l'époque, au sujet de ces tristes événements, causés par la fameuse ordonnance du 5 septembre 1816, qui brisait la majorité royaliste au sein de la Chambre des Députés. Il parut divers écrits de M. de Chabrol, préfet du Rhône, du général Canuel, de M. de Farges, maire de Lyon, et du colonel Fabvier; M. Saineville ne resta pas en arrière, et son CompteRrndu des événements qui se sont passés depuis l'ordonnance du 5 septembre 1816, jusqu'à la fin d'octobre 1817, est une com- plète glorification du système à bascule de M. Decaze, des hautes machinations du ministre favori de Louis XYIII. Le but de M. Charrier, c'était de montrer que la sédition du 8 juin avait été amenée par de prétendus agents provocateurs, mis à la solde d'une police occulte et spéciale. — L'un des médecins les plus distingués de notre ville, M. le docteur Banmers, est mort le 2 septembre 1843, à l'âge de 6g ans, à la suite d'une longue maladie. Ses confrères et ses amis, MM. les docteurs Rougier, Poli- nière et Brachet ont tour à tour pris la parole pour lui adresser au bord de la tombe les derniers adieux. — La statue de Jacquard, cette masse informe du sculpteur Foyatier, va définitivement être refondue. Notre Conseil municipal a pris enfin un arrêté à ce sujet. Nous le félicitons d'avoir fait justice d'un si pitoyable morceau, tant dans l'intérêt de la cité, que dans celui de notre illustre mécanicien. Il est fâcheux seulement qu'en véritable artiste, M. Foyatier n'ait pas été le premrer à reconnaître son erreur. \ — Trois artistes Lyonnais, MM. Rey, Chenavard et Dalgabio, viennent, dans un but tout artistique, d'entreprendre un voyage en Grèce. Nous es- pérons qu'à leur retour Lyon recevra d'eux quelques intéressantes communi- cations.