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124 COUKS D'HISTOIRE DE FHANCE. et morale d'un roi, de nous faire assister à ses bals et a ses fêles et de nous faire grimper de branche en branche jus- qu'à la cime de son arbre généalogique. Aujourd'hui vous n'en- tendez plus le brouhaha des combattants, ni le cliquetis des armes, ni les éclats du canon gronder et rouler dans les pages tranquilles de nos historiens. Pas un balaillon qui leur résiste un moment, pas une ville qu'ils ne fassent tomber d'un trait de plume. Troie et Véies qui occupèrent dix ans l'une les Grecs, l'autre les Romains, se rendent en quelques minutes à nos Achilles aux pieds légers. On dirait de petits Césars dont les bulletins de bataille portent toujours : Veni, vidi, vici, ou de modernes Josués qui n'ont besoin, pour renverser les places les plus fortes, que d'emboucher une trompette. Ce fait de la transformation de l'histoire est, si je ne me trompe, un résultat tout ensemble et une preuve du sys- tème unitaire de lois qui régit la création, et de l'admirable économie de ressorls qui préside à l'évolution des mondes. Examinez, en effet, l'individu dans son enfance cl l'huma- nité dans la sienne, et vous verrez si ce que je dis n'est pas parfaitement exact. Aussitôt que l'enfant peut se mouvoir il cherche à faire acte de puissance en détruisant faute de pouvoir encore construire, et en joutant de vigueur et d'agi- lité avec ses jeunes camarades. 11 se plaît au milieu du tu- multe et du fracas, il aime par dessus tout les courses de chevaux et de chars, les combats des Hercules aux membres de granit, et il s'enivre du bruit des trompettes et des tambours qui retentissent à lui briser le tympan. Après les contes de fées, ses livres favoris sont ceux qui redisent des combats acharnés, qui font dresser devant ses yeux des héros d'une taille colossale, et aussitôt qu'il pourra manier une plume la première chose qu'il fera sera de décrire, d'après les historiens qu'il aura lus, les batailles de Marathon e( de