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                         M. FRANÇOIS.                      125

Salamine, ou d'entonner une ode en l'honneur de Jeanne
d'Arc et du chevalier Bayarl.
   Les jeunes sociétés ont absolument le même caractère et
manifestent toul-à-fait les mêmes goûts. Elles agissent pour
agir, sans aucun autre but ultérieur, et admirent avec trans-
port tous les grands déploiements d'action quels qu'ils soient.
Ce sont les Grecs s'cmbarquanl bravement pour aller atta-
quer la ville de Troie ou conquérir la toison d'or; ce sont
les Gaulois que l'esprit d'aventure, bien plus que leurs b e -
soins physiques, pousse sur tous les rivages, comme il pous-
sera leurs descendants sur toutes les plages du monde in-
tellectuel ; ce sont les Germains que Tacite nous représente
offrant leurs bras, pendant la paix, aux peuplades qui font la
guerre ; ce sont enfin les chevaliers qui s'en vont à travers
le monde rompre des lances contre tout venant, et redresser
les torts pour le plaisir de se battre. Considérez tous les
peuples naissanis et chez tous vous retrouverez les goùls
que l'on-posscde à ce premier âge de l'existence : l'amour
des merveilleux récits et des récits guerriers. On prête une
oreille avide ici aux belliqueuses épopées d'Homère, là, aux
chants des bardes, plus loin, à ceux des troubadours, et, le
soir, autour du foyer du vieux caslcl, on Ircssaiile en lisant
les romans de chevalerie, cl en entendant le bruit de ces
grands coups d'épôe qu'on n'y ménage guère.
   Voilà pour l'action, et voilà pour l'histoire et pour la
poésie en même temps, car ces deux choses se confondent
au berceau des sociétés.
   Les sciences naturelles se développent de ia même ma-
nière. L'homme n'a pas commencé par faire de la géo-
logie ou de la minéralogie. Etudier la boue qu'il foule aux
pieds et les pierres qui lui crèvent les yeux ! A quoi bon?
Sont-ce là des choses bien curieuses et ne les connaît-il
pas assez? Ce qu'il veut savoir, c'est la cause des éclipses