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122 COURS DE LITTKRATUUli lÎTRAISGKr.E. palais Saint-Pierre il y a un peu loin. Moins qu'il ne semble cependant. Sans doute chacun de nous n'est qu'un grain de sable dans la balance qui doit faire pencher les destinées humaines, mais c'est néanmoins la réunion de ces grains de sable qui doit les incliner d'un côté ou d'un autre. Je me figure le monde comme un navire antique que cinquante ra- mes meuvent en cadence. Prises isolément ni les unes ni les autres ne sauraient l'ébranler, mais qu'elles s'abaissent toutes ensemble une fois, deux fois, dix fois s'il le faut, et qu'elles se relèvent ensuite, et le navire va glisser et voler sur la surface brillante des îlots vers quelque splen- dide Ausonie ou vers quelque Colchide à la toison d'or. Parmi les chaires de la faculté des lettres celle de la litté- rature étrangère est la seule jusqu'ici dans laquelle plusieurs professeurs se soient déjà succédés. Les uns et les autres y ont déployé des qualités également éminenlcs, mais dans un genre différent. Nous avons d'abord entendu la parole ardente et poétique de cet homme que Paris nous a promp- lement envié ; puis une autre voix a remplacé la première, une voix moins retentissante, mais qui répandait à pro- fusion les aperçus les plus fins, les plus délicats et les plus spirituels ; enfin, 31. Eicchoff est venu se créer aussi dans notre ville une place à part, par la vaste érudition qui le caractérise. Nous arrivons trop lard pour parler de lui : la voix publique l'a depuis longtemps proclamé l'un des plus habiles philologues de notre pays. On pourrait reprocher à M. Eicchoff d'avoir commencé l'his- toire de la littérature anglaise au déluge ; mais il nous a fourni sur les émigrations primitives, sur les caractères des diverses races, et sur les mœurs des Scandinaves, tant de détails ingénieux que la plume nous tomberait des mains s'il fallait l'en bliimer. Disons d'ailleurs à sa décharge que pour a p - précier un peuple sous quelqu'une de ses faces il n'est jamais