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108 VERNINAC DE SAINT-MAUR. de sa première audience, il se fil précéder d'une musique militaire, et, escorté d'un détachement de troupes françaises, qui avaient la baïonnette au bout du fusil, il pénétra avec elles jusque dans la seconde cour du sérail, où elles présen- tèrent les armes au grand-visir et aux autres membres du ilivan, ce qui ne s'était jamais vu. On fut frappé en France d'une innovation bien plus importante. Verninac, le pre- mier d'entre tous les étrangers, fit imprimer et distribuer à Constantinople une gazette écrite dans sa langue mater- nelle. Enfin, une circonstance non moins singulière dans l'ambassade de Yerninac, c'est que le grand-visir lui donna le litre de citoyen, et que le mol ne pouvant être traduit, parcequ'il se trouvait inconnu en Turquie, où il n'était le si- gne d'aucune idée, on fut obligé de le prononcer en fran- çais. Dans le cours de sa mission d'une année, Verninac n o - tifia à la Porte le traité de paix avec la Prusse, fit reconnaître la république française, cl détermina l'envoi d'un ambassa- deur permanent à Paris, dans la personne de Seid-Ali-Effendi; mais il ne put réussir à faire entrer le Grand Seigneur dans une alliance avec la France, malgré ses conférences avec les minisires de Suède et de Prusse. Il fut contrecarré par tous les autres ambassadeurs, surtout par celui de Russie et celui d'Angleterre. Il sollicita son rappel, fut remplacé par Aubert- Dubayer, et quitta Constantinople dans les premiers jours de novembre. Arrivé à Naples, et gardé à vue pendant quelques mois, il n'arriva en France qu'au mois de mai de 1797. Le 9 juin sui- vant, il fut reçu en grande audience par le Directoire, au- quel il présenta un étendard olloman et un diplôme de Sé- lim III. Il avait été introduit par Charles Delacroix, alors ministre des relalions extérieures, et qui, peu de temps après, lui donna sa fille en mariage. Le gouvernement consulaire le nomma préfet du départe- ment du Rhône, en 1800, et il fut installé dans ses fonctions