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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. UILVISKS ruii.osoriiiQui.s nu P . IUTI-IER. — IMROOUCTION PAR I . HOUIEUER, IML3ILÎUE CORRESI'()M>A?iT DE l . ' i . N S T i l l . T , 1'ROl'ESSEUR A EA l A C U E T E DES L E T - T R E S I>K LYON ( e i I A R I ' K V r i E R , ÉDÏTEUR). La bibliothèque philosophique, relie ulilc entreprise qui nous livre sous un format devenu populaire (les éditions correctes et économiques des chefs- d'o'UMc de la philosophie moderne, vient de s'enrichir des œuvres du père Buflier, de la Compagnie de Jésus. Philosophe français, philosophe estimable et trop oublié, ses écrits devaient, à ce double lilre, être recueillis et remis en lumière. Chaque auteur publié dans celle collection est accompagné d'une introduction qui y ajoute un intérêt en quelque sorte actuel, car la philoso- phie de noire temps y compare et juge les systèmes qui oui précédé et que, placée à dislance, elle peut embrasser à la fois du regard ; elle les voit se succéder, tanlot se eomplélaul p'ir une généraliou et un développement naturel, tantôl se dressant ennemis l'un eu face de l'aulre, par une de ces réactions tic l'esprit qui, toujours subites, ne devraient plus être iiKillendues. Ainsi loul un système est d'avance démoulé : les pièces d'emprunt, les piè- ces de rapport sont mises à part des parties vraiment originales, les inllueu- ees exercées ou subies sont signalées, et l'auleur, quand après cela on l'aborde, n'est plus un étranger ; ses procédés sont connus, le dessin gé- néral de l'ouvrage est saisi , les points importants sont notés. L'attention esl éveillée sur les erreurs. Ces réllexious sur l'avantage de ces appréciations préliminaires se présen- tent naturellement à la lecture de l'inlroducliou lumineuse de RI. ISouiilier aux œuvres du P . Bufiier. Un intérêt vif et soutenu s'attache à cet écrit, soit q u e , recherchant les poinls de contact de son auteur avec les théories célèbres (lui signalèrent la fin du XVII 1 ' siècle et le commencement du X VIII' 1 , ]\I. Louillier en trace une esquisse rapide cl précise, soit qu'il louche eu passant aux plus hautes sommités de la philosophie moderne pour indiquer comment doivent cire corrigées et remplies les erreurs et les lacunes qu'il rencontre. Il est impossible de démêler avec plus de sagacité quels hommes et quelles doctrines ont agi sur le P . .i'ullier et de mieux discerner le véritable sens de sa philosophie. Mais ce n'est pas sans doute le hasard qui a fixé sur ce livre l'attention cl l'élude de M. ISouiilier ; il appartenait au savant historien de la philosophie cartésienne (h; suivre cl de nous montrer d ;l ns le disciple l'inlluencc du maître. En elfe!, Eulliera le même point de départ que T)esearlrs et se conduit par sa méthode, et cet ouvrage du l'ère jésuite, approuvé par son ordre, esl, après tant d'autres, un nouveau témoignage (pie l'injustice et la violence n'empê- chent pas la vérité de se faire reconnaître et de s'imposer même à ses persé- cuteurs. Il est vrai que le P . IValher ne suit pas exclusivement Descartes, mais il n'a- voue pas non plus tout ce qu'il lui emprunt!!. Au reste, l'ingratitude philoso- phique est chose commune et plus on prend à son devancier moins on lui rend en hommages et en publique reconnaissance : le plus souveut, c'est pré- tion à l'originalité, quelquefois c'est limidilé (pii s'effraye des clameurs soule- vées contre un système; plus rarement c'est l'esprit qui recule devant certaines conséquences entrevues, cl, craignant de verser du eolé où il sait bien qu'il incline, renie d'abord le maître comme pour se détacher ensuite plus facile- ment de ses principes et mieux enraver sur la pente des déduclions. Quanl au P . ISuiïier, ce sont, avant tout, les ménagements réclamés par les anciennes hostilités de sa compaguie cl des répugnances qui duraient encore, qui foui de lui un disciple houleux de lïescarles ; i! fait avec lui ses réserves, cl le