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TIIEATIŒS. M11'-* EACÎS::L KÏ D;::JAz:-/r. L'enthousiasme qui aocucillit les débuts do 7d!!e Il:;ehel éîail bien dû à un si raro ensemble do belles qualités tragiques, disons-le cependant, il y avait beaucoup d'espérance dans celle admirai ion ; dans le concert de justes éloges qui retenti! ('ans la presse, le désir de M>ir se compléter des cordes indispen- sables celte lyre trop exclusivement dorirnne perçait à travers les adorations les plus exagérées, l.yon vil alors AÎ"<' liaehel, elle emporta du milieu de nous une couronne un peu prémalurée peul-èlre, mais contre laquelle personne ne songea à prolesler. Après plusieurs années, le temps de créer el d a; quérir beau- coup, JV;]R' Jlaeliel nous retient avec un répertoire plus nombreux, niais m . - (reinl toujours dans le cercle de l'ancienne écolo, dont on aurait aimé qu'elle sortit pour des "euwos [tins \ivanles. .\ous ne Lawms vue encore que dans les mêmes rôles où elle parut il y a Iroïs ans. Phi'.dro, sa deruiore el sa plus difficile étude, ne nous l'a pas montrée encore aux prises avec la mélancolie languis- sante qui rempli! nue parlie de ce rôle, et peur Lqn •!!-.• on se défie un peu de la voi\ grondante de lioxane et d'iîeriuinne. Dans les lïoracis^ Dnjazct et An- dromaque, nous avons retrouvé VL!II; ilncliel en loni semblable à ses premières années, sauf peut-être une certaine fraîcheur, une eeriaine sponianéiié qui oui laissé la place à un plus grand savoir-faire, mais que l'on regrette beaucoup dans la tragédie suriout, où le naturel e-,! chose si rare, cl, ajoutons-le, si diffi- cile pe;:v l'acieur. La jeune tragédienne laisse tomber aujourd'hui, avec l'acoen- lualion eonvcniioimclle, un a.vsc/grand nombre de \ei\s qu'elle disait autrefois avec une intention mieux marquée et avec plus de nouveauté; du re.ile, même perfection inimitable ('ans son jeu mue! ; c'est là le plus merveilleux côté de son talent, le seul qui ne laisse pas subsUler en nous ce désir du mieux, dont 1rs plus grands artistes triomphent si rarement". Dans Camille surtout, on dirait qu'elle a surpris ions les serreis de la siaiuairo antique, el les marbres du Par- î bénon ne nous cm rien laissé de plus pur. Ce ca< lie! sculptural de ses prises, nous l'a tl ri huerions volontiers à l'ensemble, de son ialenl, si ce n'était peut--. Ire abuser un peu de ia métaphore, f.a similitude nous semble jusîe ton le foi s ; il y a dans le talee.l magique de I\ï11,: Hache!, la correction, la noblesse, le relief el la fermeté de la statuaire, UKOS, en même temps, il v a un peu de celte absence de variété et de \ i e , ci de celte froideur de la plus bel h; statue. La comparaison de la littérature classique à la slaluaire el de la littérature moderne à la peinture n'est pas nouvelle, elle da'e de Corinne ; mais, après tous les développements qu'a pris la critique depuis ce temps-là, elle n'a pas cessé d'être rigoureusement vraie. Ce (pie disais Allll(: de Slael de l'époque payenne et de l'époque chré- tienne, on peut le dire ce nous semble de la tragédie du XTJl"I i; siècle e! du drame de nos jours. Dans sa simplicilé noble el immobile, dans sa grandeur sobre dYIJ'eis, l'ancienne tragédie ressemble à un groupe de siatues. Le drame, plus coloré, animé par une passion plus chaude, a des formes moins pures, moins solides, mais plus saisissantes el d'un ell'el plus pénétrant". Un tableau a MIUVCIII fait verser des larmes d'attendrissement, excité souvent de vives émotions. L'ellei causé par la statue la [dus parfaite, dépasse r a r e meut une admiration artistique, il est rare que le cœur soit atleinl lors même que l'esprit est le plus ébranlé. C'est une émotion d'homme cul- tivé, mais (pie la masse ne peut pas ressentir, en un mot c'est une impression lilléraire, mais ce n'est pas un sentiment humain. Yoilà ce qu'est pour nous la tragédie ; pour qu'on ne nous accuse pas de la rabaisser, nous nous hâtons de dire que celui qui écrit ces lignes a une prédilection profonde pour la statuaire, et tout ce qui lui correspond dans le monde de l'art. Quoi qu'il en soit de ces goùls particuliers, dans Létal aeluel des imaginations, la peinture