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 88             COURS DE LITTÉRATURE ANCIENNE.

 dans le désert, cela tient au mouvement général du siècle
 et à plusieurs autres causes dont voici les principales. La
 première c'est que l'objet de leurs cours est lout-à-fait placé
 en dehors de la vie réelle et qu'il est difficile de l'y rattacher
 par quelque point: la seconde, c'est que nous nous sommes
 tellement repus de grec et de latin, pendant l'espace de huit
 ou dix ans, que nous ne concevons pas qu'il nous reste à
 cet égard quelque chose à apprendre ; la troisième, c'est
 que les plus belles tirades des auteurs anciens s'associent
dans notre esprit avec des circonstances extrêmement pro-
saïques, pour ne rien dire de plus, et que nous ne pou-
vons les savourer pures et sans mélange. Imaginez donc le
moyen d'être ravi en extase dans ces calmes el riantes cam-
pagnes qui s'épanouissent avec tant de fraîcheur sous la plu-
me de Virgile, quand les vers où elles sont décrites vous
rappellent incessamment l'écolier pleureur ou l'écolier espiègle
qui les récitait autrefois ! Cet écolier-là me gâte vos cam-
pagnes el me détruit l'illusion. Ajoutez à cela qu'en pliant
forcément l'esprit de l'homme vers certaines études qui lui
répugnent au premier âge de la vie, on lui inspire pour
elles un dégoût el une horreur dont il revient rarement,
et vous comprendrez que Cicéron lui-même appatut-il par-
mi nous, il aurait de la peine à donner de la vogue à un
cours de littérature ancienne.
                                                      F.


  {Les cours de MM. François, Eicchoff et Bouillier au pro-
chain numéro).