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;'i i i nais a place beaucoup de déclamations, el l'on peut regretter que ce beau génie se laisse emporter si loin du calme qu'il faudrait pour morigéner les masses, au lieu de les aigrir tout simplement. Il y a, sans doute, bien du mal en liant, mais n'y en a-t-il donc point en bas, et la société n'cst-elle pas solidaire ? Comme le livre de M. de Lamennais est un livre de chaleureuse opposi- tion, la presse gouvernementale n'a pas manqué de lui prodiguer l'injure, et les Débats, le Globe, entre autre, se sont rués sur les Amscliaspands, le livre des Chenapands, disait ce dernier journal avec un bon goût tout à fait dis- tingué. Mais ce qu'il y a eu de plus fort dans cette croisade contre M. de Lamen- nais, c'a été l'article de M. Lerminier, dans la Revue des Deux-Moules. Il est difficile de pousser plus loin le courage de critique éhonté et doctoral. M. Lerminier faire la leçon à M. de Lamennais ! Si ce professeur apostat s'est converti de bonne foi et converti à quelque chose, on aimerait qu'il se contentât de se repentir en silence. S'il ne fait que suivre la marche ordinaire et forcée des renégats, qui, pour s'étourdir dans leur apostasie, frappent à coups redoublés sur ceux avec lesquels ils ont combattu, M . Lerminier nous donne la mesure de ses jugements littéraires. Il y a dix ans, que M. le professeur du Collège de France écrivait ses Lettres a un Berlinois, dans la Heine même où il flagelle aujourd'hui M. de Lamennais. C'était un autre ton alors; il provoquait M. de Lamennais à l'in- surrection contre Rome, il le conviait à l'indépendance de la pensée, et au- jourd'hui que l'auteur de YEssa:, ayant en effet rompu avec Rome, descend de chute en chute, sans avoir ou se prendre, M. Lerminier, vient lui crier d'enrayer, lui dire qu'il s'est égaré, qu'il est aveugle ! Voilà ce que c'est (pie d'être devenu conseiller d'état, après avoir prêché en philosophie et en poli- tique les doctrines les plus extrêmes ! Nous n'avons pas à défendre ici toutes les aberrations de M. de Lamennais, mais qui pourrait voir sans quelque douleur, sans quelque colère, un homme n'ayant ni croyance ni foi avouées, sermonner la vieillesse de M . de Lamennais ? L'unité seule produit l'harmonie, dit M. Lerminier ; mai s ne sait-il pa3 qu'il exhorta autrefois Lamennais à sortir de la grande unité catholique, pour se jeter sur la voie des incertitudes philosophiques ? Les chatouilleux censeurs des Amscliaspands ont parlé des Lettres Persanes avec un respect assez singulier, parce qu'il y avait lieu à leur immoler le livre de M. de Lamennais. Montesquieu pourtant déplora cet ouvrage de sa jeu" ncsse, et quand on reproche à l'écrivain d'aujourd'hui des attaques contre l'étal et la religion, il faudrait se rappeler que l'illustre auteur don! ['Esprit