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                          Enmc littéraire.


    Vainement le siècle étend sur nous son manteau de glace : il se trouve en-
 core quelques âmes fraîches et poétiques qui fleurissent comme les primevères,
 sous la neige. Louis Bertrand fut une de ces âmes privilégiées. Son livre,
 Gaspard de la nuit, fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot,     est une
 suite de petites ballades en prose dont le couplet ou le verset exact simule
admirablement la cadence du rhylhmc ; ces petites pièces travaillées avec une
délicatesse et un art infinis, rappellent ces bijoux de la Renaissance, dont
la ciselure est plus précieuse que la matière. On retrouve dans quelques
unes le piquant et la naïveté des vieux Noëls, et dans toutes le secret et la
forme de la facture à un haut degré. Gaspard de la nuit a sa place marquée
tout à côté d'Hoffmann, dont l'auteur a dû plus d'une fois s'inspirer. Une
notice pleine d'intérêt dont Sainte-Beuve a fait précéder ce recueil, nous
apprend que Louis Bertrand, poète par l'esprit et par le cœur, est mort à trente
ans de la mort de Gilbert et d'Hégésipe Moreau !
   — Nous avons à citer aussi un magnifique volume édité par Hetzel. Sous ce
titre : Contes Rémois,   l'auteur qui garde l'anonyme, mais que nous soupçon-
nons fort être notre compatriote, a déployé beaucoup d'esprit dans ces pe-
tites historiettes, moult plaisantes et joyeuses. M . Perlet a illustré ce livre par
de très belles eaux-fortes dans lesquelles on retrouve toutes les qualités qu'on
est habitue à louer dans cet estimable artiste.
  — M . Cousin a publié un volume in-8° sur les Pensées de Pascal, et de-
mande que l'on en fasse une édition d'après le manuscrit original conservé à la
Bibliothèque du roi.
   Charles Nodier, dans le dernier Bulletin du Bibliophile (mars 1843), indi-
quant la première édition des Pensées (Paris, G. Desprez,            1670, in-ra)
comme assez rare aujourd'hui, ajoutait qu'elle perdra probablement quelque
chose de sa valeur relative, quand il en paraîtra une d'après le manuscrit
original. Toutefois, M . Nodier nous dit avec grande raison : « Il restera ce-
pendant quelques considérations à faire valoir en faveur des anciennes leçons
du texte. Les Pensées de Pascal n'étaient pas un livre, c'était matière de livre,
matière modifiable, s'il en fût jamais, et qui se serait nécessairement modifiée.
Pascal était, en effet, un esprit fort individuel,   comme on dit aujourd'hui,