page suivante »
221 GENEVRAY. Hé non! daignezm'entendre... LAUZUN. Hé bien 1 pour moi l'altesse est chaque jour plus tendre. Souvent elle me dit : J'aime, Comte, et je veux De celui qu'a choisi mon cœur combler les vœux ; Usera mon époux... Or, devinez! Et comme Je nomme princes, rois... Moins haut : un gentilhomme, Jeune, aimable, charmant. Alors, à chaque nom Que je passe en revue : Est-ce celui-là ? — Non. — Celui-ci? — Point. Et puis, notre liste finie, Elle me fait reprendre encor la litanie, Car le nom qu'elle attend, en vain sollicité, C'est le mien... et le seul que je n'ai pas cité. Croiras-tu maintenant? GENEVBAY, à part. Fou! LAUZUN. Mais quoi ! la princesse N'occupe pas mon cœur tout entier ni sans cesse : Armande, lu le sais, y tient sa place aussi. Avec elle à l'instant j'ai rendez-vous ici. C'est folie... GENEVRAY, à part. Il connaît son état. LAUZUN. Mais qu'importe ! Sur les prudents conseils ma nature l'emporte. Je ne sais quel démon me pousse à mépriser Ces écueils où l'on voit les autres se briser. Un bonheur calme, uni, pour moi n'a point de charmes : 11 me faut des amours où germent les alarmes, Des plaisirs épiés par les regards jaloux, Les soupçons menaçants des mères, des époux.