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On déchire l'auteur plus encor que l'ouvrage,
Carie prince nous fait de tous ses courtisans
Ou d'ardents ennemis ou de chauds partisans,
Souvent qu'il blâme ou loue... Et c'est par lui qu'on pense,
Et j'en sais qui dans l'an ne font pas la dépense
D'une idée, et jamais ne se servent du moi]
C'est toujours : le roi dit... le roi pense... le roi...
                        CHAPELLE.
Et vous l'avez gâté, vous tous tant que vous êtes,
Courtisans grands seigneurs et courtisans poètes,
Qui vous persuadez, de sa pompe éblouis,
Que les arts ne sont faits que pour charmer Louis.
Pour lui seul Despréaux attendrit la satire;
Lulli le fait danser, Molière le fait rire,
Et qui veut réussir dans ce siècle fameux
Doit s'appliquer d'abord à lui plaire, comme eux.
Lettrés, vous remplacez, sous ce titre commode,
Les fous, les nains de cour qui sont passés de mode.
C'est bien : puis, quand un jour le roi s'est ennuyé,
Vers, prose, dévoûment, tout, tout est oublié.
                        MOLIÈRE.
Moi, je n'oublîrai point, ingrat dans ma colère,
Qu'il fut pendant longtemps mon appui tulélaire,
Mon noble prolecteur. Chapelle, il m'a permis
De saisir corps à corps mes puissants ennemis,
Comtes, ducs, quelque litre enfin qui les décore,
A la ville, à la cour; il a fait plus encore,
11 voulut qu'on jouât Tartufe : tout est là :
Non, Chapelle, jamais je n'oublîrai cela.
Mais adieu, l'on m'attend sans doute... Ciel ! ma femme !
                       CHAPELLE.
Point de faiblesse au moins!
                        MOLIÈRE.
                                    Non, laisse-nous.