Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                             187
Et toujours je voyais l'immobile visage,
Froid et muet; enfin, depuis ce jour maudit,
Depuis cinq mortels jours le roi ne m'a rien dît.
0 trop heureux cent fois si le destin prospère
M'eût fait vieillir obscur au foyer de mon père !
J'ai mis pendant quinze ans ma gloire et mes plaisirs
A charmer de ce roi les superbes loisirs,
Et dans ce rôle ingrat où m'attendait l'envie,
Pour lui j'ai donné plus que mon sang, que ma vie :
J'ai donné mon repos, mon art, ma liberté.
Pour lui, dans mon essor, je me suis arrêté.
J'ai ployé mon génie aux chaînes qu'il m'a faites ;
Courtisan, j'ai porté mon tribut à ses fêles.
Enfin, j'ai mis ma gloire à lui plaire, oubliant
Cet autre roi qui vient au théâtre en payant;
Ces loges, ce parterre où le peuple s'assemble,
D'où sort un seul arrêt de cent bouches ensemble.
Mon cœur, ma sympathie étaient à ce roi-là,
Car je suis fils du peuple et mes frères sont là.
Hé bien ! j'aurai perdu la faveur populaire,
Et n'aurai de la cour que honte pour salaire !
Mais on vient !... sur ceci, mon ami, sois discret...
Ah ! c'est Baron... pour lui je n'ai pas de secret.


                     SCÈNE III.
             CHAPELLE, MOLIÈRE, BARON.
                         MOLIÈRE.
Qu'est-ce donc?
                          ISAHON.

                     Vous savez que le roi tout à l'heure
Faisait sortir la chasse et partait?., il demeure.
On rentre, et c'est un bruit!.. Je crois entendre encor
Ce tintamarre affreux, voix d'hommes, voix du cor,