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ESSAI SUR I.A SCrii>CE DU LANGAGE ( l ) , P.W M. C1.KMEST, riiOFESSEUll AU COLLEGE DE S A I N T - L T i r A N E . I 8 \ J. Ce livre qui éveille l'attention par la seule importance du sujet, ne peut manquer de la fixer par la manière dont il est traité. Fruit d'études conscien- cieuses et de profondes réflexions, il emprunte de la position de son auteur un nouvel intérêt, et semble annoncer dans le corps enseignant une préoccupa- tion plus sérieuse des vrais principes de la grammaire. Ils ont été souvent l'objet de travaux estimables, mais renseignement pratique n'en a guère pro- fité, moins parce que les résultats n'en étaient pas complètement acceptables, que parce qu'on les croyait au dessus de la portée des enfants. De là deux grammaires différentes : l'une, toute spéculative, appendice de la philosophie qui l'appelle à confirmer par les lois du langage celles de la pensée ; — l'autre destinée aux enfants, admettant les classifications consacrées et ne s'ouvrant qu'à de longs intervalles, à quelque réforme partielle. Ainsi, la grammaire que l'on raisonne n'est pas enseignée, et celle (pie l'on enseigne n'est pas rai- sonnée : il en résulte un mal souvent irréparable, car si, après le premier âge, les hommes peuvent apprendre ce qu'ils n'ont pas étudié, il est bien dillicile de les amener à examiner de nouveau ce qu'ils croient savoir. M . Clément a senti qu'il y avait plus que du temps perdu à charger la mémoire et l'intelligence de l'enfant des principes provisoires d'une gram- maire convenue, puisqu'on ne peut effacer plus lard les caractères confus dont on a couvert cette table rase. Mais si la grammaire prend la philosophie pour base, si elle s'aide des analyses les plus subtiles de la psychologie, comment se faire comprendre, comment se faire suivre de l'enfant ? M. Clément ne s'en eifraye pas, persuadé qu'il n'est pas plus difficile d'enseigner la vérité que r e r r « u r . Dans une leçon qu'il donne pour exemple, il montre fort bien que toutes les abstractions sont accessibles à l'enfant quand elles naissent sous ses yeux, quand on les lui fait extraire à lui-même de l'aiIs nombreux et familiers ; il le conduit par une pente insensible, sollicitant son intelligence par des questions bien dirigées, dont chacune est un degré qui le rapproche du point où il semblait d'abord ne pas pouvoir atteindre. L'auteur nous donne aujourd'hui la Grammaire générale ; il commence par ce que les langues ont de commun, par ce qui ne change pas. Plus lard, sans doute, il exposera les lois particulières à noire idiome, abordant VAit de la langue après la Science du langage. Il réfute, en passant, une erreur assez ré- pandue, celle que la Grammaire générale n'est possible que par la connais- (i~) P a l ' i i , c h e z H a c h e H p , vue Pici'. c - S a i r a z i n , 12.