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plein de vérité, d'une composition simple et attrayante ; peut-être pourrait-on reprocher à la tête du paire de ne pas faire pressentir le génie du grand artiste. M. Brun, cherche sérieusement la vérité ; chacune de ses œuvres témoigne de ses consciencieuses éludes. Peu inquiet des applaudissements de la foule s'il satisfait à sa conscience, il se prend corps à corps avec les difficultés de son art, et lutte contre elles avec la ténacité et le courage qui mènent toujours au but; la pose de la figure qu'il nous a envoyée, révèle ce besoin de sortir des routes battues qui agite les jeunes talents; rien n'était plus difficile à rendre que le sujet qu'il a traité. Le seul reproche qu'on pourrait raisonnablement adresser à l'artiste, ce serait celui de n'avoir pas recherché le beau, l'idéal presque, qu'on demande ordinairement à la sculpture. M. Fabisch a exposé un Christ et une Vierge dans le genre qu'on décore aujourd'hui du nom d'art chrétien. La naïveté ne s'imite pas ; or, c'est la naïveté qui fait tout le mérite de la sta- tuaire du XIII e siècle; de nos jours on l'a remplacée par la ma- nière et la détention. L'amoindrissement des corps, l'efface- ment des formes étaient la conséquence du système spirilualiste. Nous avons passé une rapide revue de notre Salon, il nous reste à dire un mot de la Société en elle-même. L'expérience a prouvé que les bases en sont mauvaises. Qu'est-ce qu'une association qui repose sur une loterie qui doit favoriser vingt, trente, soixante personnes sur six cents, si non l'égoïsme en actions ? Tout ce qui se fonde sur l'é- goïsme doit périr, si cet égoïsme ne trouve pas satisfaction ; la plupart des souscripteurs rêvent, pour leur cinquante francs, un tableau de quelques mille francs ; qu'arrive-t-il ? au renouvellement de la souscription, les actionnaires que le sort n'a pas favorisés se retirent. Tous les ans, on aura donc à redouter de semblables défections. Aux chances d'une lo- terie substituez un généreux mobile, la création d'un mu-