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2(5 faisant ensemble la charité eu tressant des feuilles de pal- mier. Au surplus, lout (Hait dans le calme. Des milliers de passereaux gazouillaient sur les toits, pendant que quelque hirondelle printanière voltigeait en explorant et en rêvant un nid sous ces voûtes où jamais on ne lui avait troublé sa cou- vée. Les nombreux tisserands que Ton voyait rangés dans de spacieuses chambres, se reposaient en ce jour consacré à la méditation. A tout moment apparaissait en tunique de laine blanche, sur laquelle était une modestie, blanche éga- lement, quelque frère ceint d'une courroie, ayant des san- dales aux pieds, avec un air de grave tristesse, conforme au deuil solennel de ce jour-là . Les Religieux étaient ac- coutumés à voir des étrangers errer à travers leurs habitations, ils ne s'en étonnaient nullement, ne demandaient point ce que c'était, ne craignaient point; la religion protégeait les richesses amassées en ce lieu, et rendait sacrées les per- sonnes que la dévotion ou le malheur y conduisait. Si donc un Frère passait à côté dô iluonvicino, il disait: La paix toit arec vous, et continuait son chemin. Tout cet ensemble faisait sur Buonvicino l'effet d'un paisible zéphir sur un lac agité. Il erra ç'i cl là observant et réfléchissant; et son pas, d'abord hâtif et irrégulicr, se remettait de son agitation, donnant ainsi l'indice du calme qui peu à peu entrait dans son esprit. On entendait à Ira- vers cela un accord de voix, mais faible et éloigné, comme s'il fût serti de dessous terre, entonner une lugubre mélodie, au bruit de laquelle Jîuanvicino arriva a l'église. Elle était totalement obscure, afin de mieux aider au recueillement ; pas une lampe, pas un cierge ne luisait sur l'autel dépouillé. Un murmure de prières, murmure venant de personnes pieuses que l'on n'aperceveit pas, rappelait les esprits an- géliqucs oui, le même jour, avaient été entendus gémissant