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                         FELIBRIGE


       LA FÊTE DES FÉLIBRES, A SAINT-RAPHAËL


   Les fêtes que nous avions annoncées 'ont eu lieu à Saint-Raphaël les 27 et
28 mai. Nous sommes heureux de constater que leur succèsadépassé toutes pré-
visions, et que la presse parisienne et régionale a été unanime à constater cette
très grande réussite.
   Le Félibrige provençal, qui a été longtemps méconnu dans le pays même où il
aurait dû étendre rapidement de puissantes racines, est devenu aujourd'hui une
institution puissante, et nous pouvons ajouter vraiment nationale.
   S'il est une figure sympathique et attirante, c'est à coup sûr celle du grand
Maître de la poésie provençale, l'immortel auteur de Mireille et de Calendau,
de l'homme qui a consacré sa vie à la vulgarisation de la langue pour laquelle il
a, depuis son enfance, un culte profond. Lorsqu'on a eu le bonheur de l'entendre,
de voir sa belle figure s'illuminer sous le souffle de l'inspiration poétique qui
l'anime, on comprend l'influence énorme qu'il a exercée sur la littérature pro-
vençale de notre temps, on s'explique surtout l'admiration, la sympathie ardente
de ses disciples, et la puissance avec laquelle il a fait germer et fructifier son
idée.
   Un des moyens d'action les plus efficaces qu'emploie Mistral depuis vingt ans,
pour arriver à reconstituer le culte de la langue d'Oc, consiste à réunir sur un
point quelconque du midi de la France tous les poètes — les Félibres — qui se
sont consacrés comme lui à la propagation de son idée généreuse, et à y tenir
des assises qui rappellent les réunions des troubadours du temps jadis. On y fra-
ternise, on y épuise tous les sujets — tous, excepté cette funeste politique, cause
de toutes nos divisions et de notre abaissement. — On y déclame, on y chante,
tous réunis dans la plus parfaite égalité. Car Mistral n'est pas seulement un poète,
c'est un philosophe, et un philanthrope qui comprend à sa manière (et cette
manière est la bonne) les progrès de la société moderne et qui s'efforce de grou-
per, sous les ailes de la poésie et dans les sentiments les plus purs du patriotisme,
tous les hommes, ses frères, à quelque classe sociale qu'ils appartiennent.
   Il ne pouvait trouver un pays plus capable de l'accueillir que Saint-Raphaël.