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442 DU SCRNATCBEL. de la poésie s'emparent de cette intervention, et elle devient le charme le plus attrayant de l'Epopée. Quel est, dans Homère et dans Virgile, quel est ce Jupiter tonnant au milieu de la que- relle des Grecs et des Troyens, si ce n'est l'image de la Divinité se mêlant d'une manière mervsilleuse aux affaires des humains? Au dixième livre de son grand ouvrage de la Cité de Dieu, saint Augustin adressait aux païens qui repoussaient les mira- cles de l'Ecriture sainte, cet argument à d hominem : « Quicon- que nie ces choses doit nier de même que les dieux aient souci des affaires humaines. Car, ces dieux n'ont pas cherché à éta- blir leur culte autrement que par l'effet d'oeuvres merveilleuses, comme le prouve l'histoire des nations : Quisquis hœc âicit.... potest eiiam dicere nec deos ullos curage mortalia. Non enim se aliter colendos esse persuaserunt, nisi mirabilium operum ef- fectibus, quorum et historia geiitium teslis est (i). Les païens savaient bien le dire, et ils en étaient grandement fiers. Quand les apologistes objectaient les miracles du chris- tianisme, ils se hâtaient de répondre que le paganisme n'était pas dépourvu de cette preuve et qu'il pouvait même la fournir abondamment. « Qu'est- il nécessaire, s'écrie Celse dans Ori- gène, de ramasser ici toutes les prédictions faites en forme d'oracles, tant par les prophètes et par les prophètesses que par plusieurs autres personnes inspirées divinement, les voix miraculeuses sorties de l'endroit le plus secret et le plus sacré de nos temples, les diverses choses qu'on a apprises par l'im- molation des victimes et par l'inspection de leurs entrailles, celles qu'on a découvertes par quantité d'autres signes merveil- leux, les claires apparitions que quelques-uns ont eues ? Le monde est plein de pareils exemples. On sait combien de villes ont été bâties ou délivrées de diverses maladies ou de la famine par les avertissements des oracles; combien d'autres, ayant négligé ces avertissements, ou les ayant oubliés, ont péri misé- rablement ; combien de colonies ont été fondées qui, pratiquant ce qui leur avait été recommandé, sont devenues florissantes ; (1) Dceivit. Dei, lib. X, c. xvm.