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                            BU SURNATUREL.           '        439

  Dieu créateur de toutes choses, refusent cependant à cet être
  souverain le pouvoir de suspendre, même un instant et pour un
  cas particulier, l'ordre par lui établi. Or c'est contre ces adver-
  saires qu'il faut prouver la possibilité du surnaturel.
    Peut-il y avoir un surnaturel ? ou, en d'autres termes, Dieu
  peut-il faire des miracles ? question identique à celle-ci*: Dieu
 peut-il déroger aux lois qu'il a faites? J.-J. Rousseau y répond
 à sa manière : $ Une telle question, dit-il, sérieusement traitée
 serait impie, si elle n'était absurde. Ce serait trop faire d'hon-
 neur à celui qui la résoudrait négativement que de le punir; il
 suffirait de l'enfermer (1). » Mais il serait peu séant et trop
 commode de se défaire de ses contradicteurs en les condamnant
 aux petites maisons ; mieux vaut encore raisonner avec eux.
    Dieu peut-il déroger aux lois qu'il a établies ? Et pourquoi
 pas? puisqu'il les a posées librement et qu'il était • le maître
 d'en faire d'autres. .S'il ne le peut, est-ce parce qu'une déroga-
 tion quelconque serait une violation de ces lois ? Ou bien parée
qu'elle serait dans Dieu une preuve de changement de dessein et
 d'inconstance ? ou bien parce qu'elle porterait le trouble dans
 l'ordre constant et inaltérable de la nature qui est la plus forte
démonstration de l'existence de Dieu et de sa providence?
    La première de ces raisons est insoutenable. Qui dit violation
dit, par là même, injure faite à l'autorité du législateur. Mais,
dans le cas présent, il ne peut être question d'un pareil attentat,
puisque c'est Dieu, le législateur lui-même, qui touehe à sun
propre ouvrage. Qu'il y ait alors suspension de ses lois, à la
bonne heure, mais violation, cela ne se conçoit pas.
    La seconde raison n'est pas plus sérieuse que la première.
Elle suppose que les lois physiques étant éternelles comme
Dieu, la volonté de Dieu leur est invariablement enchaînée. Or,
rien n'est plus faux. « Les lois physiques, dit Bergier, sont
éternelles dans le sens que Dieu les a prévues et résolues de
toute éternité ; mais elles n'ont eu leur exécution qu'à la
création du monde. Dieu a prévu de même et.a résolu de toute »

  (1) Lettre éerite de la Montagne.