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416 ÉPITRES D'ANGE POLITIEN. tiation littéraire, ce que les Pothin et les Irénée furent aux premiers jours du christianisme, pour l'évangélisation de notre cité. Tous ces noms rattachent directement Lyon, à la Judée, à la Grèce, à l'Italie, les mères et maîtresses de toutes choses. Josse Bade, né en 1462, au village d'Asche (1); près de Bruxelles, alla de bonne heure eu Italie, pour se livrer à l'étude des humanités et surtout des lettres grecques. Son maître fut le célèbre Guarini, qui attirait à Ferrare, autour de sa chaire de littérature, les plus fameux érudits de l'Italie, et même de toute l'Europe. Il y avait succédé, en 1460, à son père, que les éloges unanimes d'^Eneas Sylvius, de Pogge, de Philelphe, de Valla, mettent au premier rang parmi ceux qui ont ranimé, au xv8 siècle, l'étude de,l'anti- quité. Il se montra digne de continuer son nom à l'Uni- versité de Ferrare, où il eut pour disciples, entre autres, Aide Manuce et les Giraldi. Ange Politien, qui a inséré plusieurs de ses lettres dans son recueil, l'appelle le plus célèbre professeur de son temps (2), etil en exerçait encore les fonctions en 1495. Telle était l'école où se forma Josse Bade, et dont il apporta les leçons à Lyon en 1491. On voit qu'il n'y eut point d'interruption entre la première chaire, où furent enseignées les lettres grecques dans notre ville, et celle qu'avait fondée à Constantinople Emmanuel Chrysoloras, à la fin du xive siècle, — puisque Guarini, élève de son père qui avait étudié sous ce maître célèbre, nous avait envoyé son propre disciple, pour donner à nos aïeux, soit comme professeur, soit comme correcteur, la première initiation aux écrits des anciens. Il y ouvrit la première chaire de belles lettres en 1491, avant même que Simon de Phares eût fermé celle d'astrologie, où Charles VIII vint l'entendre encore en 1495 (3). (1) D'où son surnom d'Ascensius. (2) Ep. XX, liv. i. (3) Simon de Phares, établi à Lyon, où il avait fait bâtir une maison,