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POÉSIE. 405 Il rampe peu à peu, craintif et haletant , Et de la moribonde il s'approche... Il attend Que ce regard éteint dans l'ombre le découvre... En effet tout à coup la paupière s'entr'ouvre, L'œil va droit à l'enfant, en songe deviné Ce fut un faible cri : « Mon fils !... sois pardonné !... » Suivi d'un cri plus fort, dont l'air au loin frissonne, A là fois doux et rauque, un sanglot de lionne Retrouvant ses petits qu'elle croyait perdus. En vain vers le proscrit deux bras se'sont tendus ; Tremblant, épouvanté de son bonheur immense, Il n'ose s'y jeter Il craint, dans sa démence, Q'être une fois de plus, hélas!... un assassin..... Elle est là !... C'est assez de bonheur p'our Kaïn Il se couche à ses pieds, l'embrasse de sa vue-.... * Les sanglots font bondir sa poitrine velue ; On dirait un roulis de flots ; des yeux brûlés ' S'échappe le torrent des pleurs accumulés. Il ne se souvient plus de sa douleur passée.... Eve lui tend sa main défaillante et glacée, Il y colle sa lèvre avec un long transport La mère est consolée et l'Ange de la mort Peut venir désormais la couvrir de son aile.,... , Un sourire ineffable éclaire sa prunelle Que l'on voit par degrés dans la nuit se plonger Un frisson tout à coup l'agite, plus léger Q_ue le frémissement des brises dans les palmes Et son dernier soupir monte dans les cieux calmes. Ainsi se révéla l'infini maternel 1 Ainsi, comme une fleur, naquit du sang d'Abel La clémence, l'oubli de la vengeance amère Le premier des pardons fut celui d'une mère DOUCET.